Jean-Louis Baroux : le coup de gueule d’un client d’ADP

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Jean-Louis Baroux nous aura entendu et lu... Comme lui, à notre retour de voyage au terminal 2A, coincés entre deux poteaux tel un troupeau perdu à la descente d'un alpage, nous avons subi les affres du retour en France. Voilà le constat que dresse aussi notre spécialiste aérien dans une lettre ouverte à Pierre Graff, Président Directeur Général d’Aéroports de Paris

Jean-Louis Baroux : le coup de gueule d'un client d'ADP
Monsieur le Président,

J’ai lu récemment dans la presse que vous aviez décidé de dégager un investissement considérable de 700 millions d’euros, si je ne m’abuse, pour améliorer les services dans les plateformes que vous exploitez, essentiellement Charles de Gaulle et Orly. Je me réjouis vivement de cette initiative. Elle est la marque d’une prise de conscience, certes tardive, des efforts colossaux à réaliser pour mettre ces deux grands aéroports au niveau d’excellence mondiale.

Je ne pense pas que vous ayez besoin d’assistance extérieure pour définir les priorités. Vos services font suffisamment d’études pour vous donner une bonne idée des manques les plus criants. Je me permets, cependant, en tant que client très fréquent de vos aéroports de vous indiquer une ou deux pistes que je trouverais personnellement très utiles à explorer.

La signalétique.

C’est, sans doute le point le plus faible en matière de qualité de service aussi bien d’Orly que de Roissy. En voulez-vous quelques exemples ? Vous prenez l’avion à Orly pour Nice. Faut-il aller à Orly Ouest ou à Orly Sud ? Vous m’objecterez sans doute comme la plupart de vos cadres que j’ai pu rencontrer, qu’en tant que client, je n’ai qu’à lire mon billet. Et comment le ferais-je alors que je dois faire très attention à ma conduite ? Allez, un autre exemple. D’où part donc mon vol Swiss qui va de Roissy à Zurich ? Même interrogation, compliquée cette fois de l’architecture générale de l’aéroport Charles de Gaulle. Alors, vous pourrez également m’objecter que deux panneaux d’information se trouvent en entrée de Charles de Gaulle et qu’ils indiquent par compagnie les terminaux de départ. Avez-vous été les voir ? Il s’agit de feuilles Excel de format A3 où sont répertoriés tous les transporteurs. A moins d’avoir une excellente vue, et hélas, ce n’est plus mon cas, cette feuille est illisible, lorsqu’elle n’est pas tout bonnement froissée et donc inexploitable (je tiens des photos à votre disposition). J’ajoute que l’un des panneaux d’information est dans le périmètre de la station de service Total située en entrée de la plateforme, avant l’embranchement des voies d’accès vers CDG 1 ou 2 et que l’autre est … après l’embranchement. C'est-à-dire que dans le premier cas, il faut savoir qu’il convient d’entrer dans la station de service, ce qui n’est pas évident, et dans l’autre qu’il vaut mieux avoir de la chance et avoir choisi le bon embranchement.

Je pourrais multiplier à loisir les exemples tout aussi probants. Avez-vous essayé de repérer les noms des compagnies aériennes affichées sur les terminaux ? Avez-vous trouvé facilement le parking situé au dessous du terminal 2E si vous n’êtes pas familier de l’endroit ? D’où partent les navettes qui desservent les différents terminaux ? Bref, il y a un énorme chantier dans ce domaine d’activité. Tant que j’y suis, puis-je vous faire remarquer que les Français, comme d’ailleurs les Italiens sont, en règle générale, d’une grande nullité en matière de signalétique et, hélas, pas seulement dans les aéroports, mais que les Allemands sont très performants dans ce domaine. Pourquoi ne pas leur confier ce travail ? Je voudrais également vous suggérer de créer un parking d’attente en entrée de Roissy et d’Orly où un grand panneau électronique indiquerait les terminaux et portes de départ des vols des 3 prochaines heures. Cela se fait en Allemagne et même si Charles de Gaulle est un aéroport très fréquenté, nul doute que cela ne soit possible.

Les bus

Certes, vous n’y pouvez rien, mais nombre d’avions ne sont pas parqués « au contact » aussi bien à Roissy qu’à Orly. Par conséquent, l’acheminement des passagers se fait par bus. Disons-le franchement, le niveau de qualité est tout simplement indécent. Ces matériels sont vieux, pas ou mal climatisés, étroits et les clients y sont entassés comme des sardines souvent pendant plusieurs dizaines de minutes. Ce n’est pas normal. Il existe des véhicules adaptés à la desserte en piste. Les Italiens les utilisent dans tous leurs aéroports. Voilà un investissement urgent à réaliser et qui ne met pas en cause l’architecture générale des aéroports.

Je pourrais multiplier les suggestions d’amélioration mais ces lignes sont comptées et il y aurait encore énormément de points à soulever : cheminement des passagers, entretien des matériels à faire de nuit plutôt que de jour, fermeture intempestive des parkings, nombre de postes de contrôle sureté, qualité de services des bars et restaurants, etc…

Ce sera pour une prochaine fois. En attendant, je me tiens à votre disposition.

Avec mes salutations les plus sincères et cordiales.

Jean-Louis BAROUX
Client d’Aéroports de Paris