L’AFTM aime le changement… Il faut désormais le prouver !

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La grande soirée de l'Association Française des Travel Managers, le 2 décembre dernier, aura comme tous les ans donné le ton d'un programme à venir résolument inscrit dans l'univers du changement. Mais changer, "muter" comme le dit le communiqué envoyé par l'Association, cela demande à la fois du temps, des moyens et une volonté hors du commun pour que l'ensemble des troupes suive. Au-delà de la refonte de la vision économique du métier de Travel Manager, c'est la reconnaissance même du travail qui devient indispensable. Sinon, le nom même de la profession va mourir au bénéfice d'une nouvelle appellation qui, elle aussi, suivra les modes, sans les devancer !

Au-delà d'une visibilité européenne voire internationale du métier, la première reconnaissance se construit au sein même de l'entreprise. Or, il faut bien l'avouer, les directions générales de nos groupes sont peu au fait de l'originalité du voyage au sein de leur entreprise et du travail réalisé par celles et ceux en charge de les acheter. En quoi, pour elle, le voyage serait-il plus important que l'immobilier ou le marketing ? On le touchera concrètement du doigt dans quelques semaines, lorsque Bruxelles aura à trancher sur certains amendements proposés par plusieurs associations européennes du travel management : sans un soutien effectif de la hiérarchie la plus haute, les résultats risquent d'être décevants. Il y a donc à engager immédiatement ce travail de sensibilisation au sein de l'entreprise pour lui donner un regard sur l'extérieur, celui de ses voyageurs d'affaires, pierre angulaire du business national et international.

Changer, c'est accepter la remise en cause et ne plus se limiter aux satisfecits que l'on s'accorde souvent trop généreusement. Le doute est essentiel à la construction d'une idée, d'un projet. Clémenceau le disait "la certitude n'est pas le ciment de l'idéologie". La visibilité du travel manager est donc importante à communiquer à l'ensemble des partenaires. Ce sont au final les résultats qui parleront d'eux-mêmes lorsqu'ils arriveront. Aujourd'hui, l'association a principalement travaillé sur sa vision d'un métier en totale mutation et dont le nom même risque de disparaître dans quelques années. Certes il y a eu les livres blancs, le travail sur la sécurité, des tables rondes sur des grandes thématiques... Mais nous ne sommes pas encore entrés dans le dur, dans le politique au sens premier du mot où chacune des actions menées doit avoir une finalité immédiatement palpable par les utilisateurs, qu'ils soient acheteurs ou voyageurs.

D'autant, qu'il est toujours difficile de marier le politique et l'économique. L'association vit des ressources versées par les fournisseurs. Pour eux, la finalité est commerciale. Ils sont présents pour contacter le travel manager dans le but de lui proposer telle ou telle solution. Rien de contestable, c'est du business au sens pur du mot. C'est respectable. Mais il reste toujours étonnant de voir un financement d'entreprise prendre le relais sur une volonté politique. Autre thème, les rencontres autour des savoirs. L'AFTM baptise ces réunions avec ses sponsors comme des "ateliers des connaissances". Le savoir a t-il seulement le prix du partenariat financier ? Pourquoi ne pas aller voir de petites entreprises, sans moyen, qui demain, une fois la réussite établie, seront les sponsors de l'Association ? Il y a la un travail d'objectivité et de pluralisme qui grandirait la direction associative.

On ne comprend pas comment, par déontologie, un acheteur ne peut tester l'avion le train voire l'hôtel qu'il va pourtant choisir à l'aveugle pour ses voyageurs. Cette déontologie, autorisée dans l'univers associatif, mais refusée au quotidien doit évoluer. L'AFTM doit également être le fer de lance de ce changement. Celui qui permet concrètement aux acheteurs de voir ce qu'ils achètent. Il n'y a là rien de honteux. Ne pas interpréter ce regard comme une corruption ou une faiblesse affective. Sinon cela serait prendre les travel managers pour des gens faibles et sans volonté. Ce qui serait bien loin de la réalité. Enfin, nous entrons dans le concret. Au delà des rencontres, il faut des résultats. L'AFTM semble en promettre. D'autant que pour concrétiser le changement, l'association a décidé d'ouvrir un compte Twitter, Viadeo et Linkedin. Voilà donc pour les tuyaux, il reste maintenant à les remplir.

M. Lévy