Lorenzo Donato, Alitalia : « Nous ne sommes pas Air France, mais le partenaire d’Air France

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Responsable pour la France de la compagnie Alitalia, Lorenzo Donato reconnaît aujourd'hui qu'il a souvent fallu expliquer le partenariat qui unit Air France à Alitalia. S'il reconnaît qu'il n'était pas forcément aisé de comprendre les turbulences qui ont secoué la compagnie italienne il y a un peu plus de deux ans, il affirme aujourd'hui que la reprise est bien engagée et que les résultats parlent d'eux-mêmes. Pour 2010, Alitalia aura enregistré une hausse du volume passagers de 7,4 % avec une croissance de la compagnie trois fois supérieure à la croissance moyenne européenne. "Le nouvel Alitalia né en janvier 2009 a retrouvé la confiance des voyageurs italiens et a su s'imposer sur les marchés européens", explique Lorenzo Donato qui insiste sur l'ouverture de 16 nouvelles destinations en 2010 (Miami, Los Angeles ou Amann...) et confirme la volonté de sa compagnie d'être plus présente sur les provinces italiennes au départ de la France. Une ambition qui se poursuivra en 2011 avec l'ouverture le 27 mars prochain d'une liaison en code share avec Air France au départ de Toulouse vers Rome. Pour Déplacements Pros, Lorenzo Donato dresse un bilan des deux dernières années et évoque l'avenir immédiat d'Alitalia.


Déplacements Pros : Vous n'avez jamais caché qu'il était difficile d'expliquer, au tout début de votre arrivée en France, le partenariat qui vous liait à Air France. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Lorenzo Donato : Je crois qu'aujourd'hui nous avons réussi à expliquer à nos partenaires et à nos clients, loisir ou corporate, que nous sommes une compagnie aérienne à part entière avec un partenariat fort avec Air France. C'est en réussissant cet objectif que nous avons retrouvé la confiance de nos clients, ce qui nous a permis de développer de nouvelles destinations dans le monde mais également au départ de la France vers l'Italie. Nous avons pour 2011 beaucoup de projets au départ des provinces françaises, que nous couvrions il y a encore quelques années. Nous voulons y revenir ces prochains mois. Il est encore trop tôt pour dévoiler tous nos projets mais sachez qu'il faudra compter avec Alitalia. Notre relation privilégiée avec la compagnie française nous a également ouvert les portes des États-Unis grâce à la présence de Delta Airlines, tout comme celle de KLM nous donne accès à des destinations internationales que nous n'assurons pas encore aujourd'hui.

Déplacements Pros : Vous avez également réglé définitivement la dualité pour ne pas dire la concurrence qui régnait entre Rome et Milan. Comment ?

Lorenzo Donato : Il est clair aujourd'hui que Rome est le hub principal d'Alitalia. Pour autant, nous n'avons pas abandonné Milan puisque nous y avons positionné notre filiale low fares, Air One. C'est une compagnie mono classe qui opère en code share total avec Alitalia et qui ouvrira en 2011 une deuxième base à Pise. Il est vrai que cette compagnie, avec en moyenne 180 place par avion, est plus orientée vers des destinations "tourisme". Mais elle démultiplie nos possibilités en Italie tout en offrant à nos passagers en provenance de l'étranger la possibilité de disposer de vols vers les principales villes italiennes. Tout cela s'est fait grâce à l'arrivée de nouveaux appareils configurés en trois classes (business, Premium et classe économique). Nous avons renouvelé notre confiance à Airbus avec des A319, des A320 et des A330. Ces appareils commencent à arriver dans notre flotte et nous permettent de regarder quelles seront les nouvelles destinations à ouvrir ou à assurer celles que nous opérons depuis quelques mois.

Déplacements Pros : Quel regard portez-vous sur la clientèle professionnelle ?

Lorenzo Donato : Je dois reconnaître que le développement d'une clientèle Corporate
n'a pas été le point fort d'Alitalia. Cela ne veut pas dire pour autant qu'elle ne nous intéresse pas, bien au contraire ! C'est ce qui explique qu'aujourd'hui nous regardons avec attention l'offre que nous formulons ou qui nous sera demandée par les entreprises françaises qui souhaitent travailler en Italie voir même en Asie, puisque nous allons ouvrir bientôt un vol vers Pékin. Cela demande de la stratégie équilibrée et bien pesée pour faire en sorte que notre offre "entreprises" soit réellement adaptée à leurs besoins. Il ne s'agit pas de simplement proposer un tarif pour un tarif. Il faut que nous soyons capables de leur donner des horaires et des correspondances qui soient adaptées à leurs attentes. Il est donc clair que cette clientèle exigeante doit disposer chez nous d'une écoute adaptée à ses impératifs professionnels. En augmentant de 8 % notre capacité en 2011, nous allons tout naturellement leur proposer de profiter de nos ouvertures de ligne et d'horaires optimisés que nous avons avec notre hub de Rome.

Déplacements Pros : Comment voyez-vous l'évolution de vos relations avec Air France ?

Lorenzo Donato : Vous ne me ferez jamais dire ce qui n'existe pas. Certains ont voulu à tout prix qu'Air France vienne pour nous racheter dans quelques années. D'autres étaient persuadés qu'Alitalia n'avait pas d'avenir. Ils se sont tous trompés. Cela nous a beaucoup aidé d'avoir le soutien d'une compagnie aérienne bien implantée et son savoir-faire en matière de transporteur aérien. Comme je vous le disais, la qualité des services proposés par Air France a servi de modèle à l'évolution de notre compagnie. L'Alitalia d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle d'hier. Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup appris pour réussir notre repositionnement. Nous avons envoyé des signaux forts à notre clientèle. Notre stratégie est donc claire : nous sommes des partenaires mais nous avons également une entière autonomie pour nous développer et conquérir de nouveaux marchés.
Cette stratégie explique la mise en place d'une approche multicanale pour la commercialisation et la distribution d'Alitalia en France. Et la mise en place d'un site Internet beaucoup plus dynamique, plus moderne, mieux adapté aux demandes de notre clientèle. Je considère qu'il s'agit la d'une première étape vers la reconquête commerciale qui a débuté il y a déjà deux ans. Il me semble aujourd'hui acquis que l'image d'Alitalia a fortement progressé. C'est ce que disent nos clients.

iPropos recueillis par Marcel Lévy.]i