Petite leçon asiatique

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Rien de tel qu’un petit déplacement en Asie pour vous remettre les idées en place. En l’occurrence, il s’agissait d’un aller-retour rapide à Singapour avec la compagnie Singapore Airlines. Cerise sur le gâteau,j’ai voyagé en première classe sur le A 380. Et j’en ai tiré quelques enseignements.

Petite leçon asiatique
Le A 380
Voilà un formidable avion. Il n’est certes pas le plus beau vu du sol, mais quel confort à bord. Il ne paraît pas démesurément grand car il est très compartimenté et chacun se trouve dans un environnement que je qualifierais de normal. Mais quelle fluidité dans le vol. Voilà un appareil qui bouge beaucoup moins que ses prédécesseurs dans les turbulences, ce qui est sans doute dû à sa taille, mais aussi peut-être à son dessin. Quel silence par rapport aux autres avions, et je dirais quelle légèreté avec laquelle il décolle. Rajoutez à cela une pressurisation particulièrement efficace qui rend un long vol beaucoup moins fatigant. Bref, c’était mon premier voyage sur cet appareil et j’ai été emballé. Nul doute qu’il connaîtra une réussite équivalente à celle du Boeing 747. Nul doute également que sa présence soit totalement nécessaire pour transporter les milliards de passagers attendus dans les prochaines années. Le transport aérien a une croissance moyenne de 5% par an, en dépit de tous les aléas ; sachant que le volume de trafic est actuellement de 2,5 milliards de passagers, on peut facilement l’estimer à plus de 4 milliards en 2020 et à plus de 6,5 milliards en 2030. Il faudra bien transporter tout ce beau monde.

Singapore Airlines
Ce n’est certainement pas la moins chère des compagnies. Ce n’est pas la plus grosse et de loin. Elle ne s’appuie pas sur un marché important. Et pourtant, c’est un des meilleurs transporteurs mondiaux, un de ceux qui ont la flotte la plus moderne (moins de 6 ans d’âge moyen) et un des plus profitables. Comment expliquer ce paradoxe qui va à l’encontre de toutes les stratégies des gigantesques transporteurs occidentaux dont le but est d’afficher le tarif le plus bas et la taille la plus grosse ? Tout simplement parce que sur cette compagnie, le client en a pour son argent. Bien entendu le soin apporté aux clients de la First Class est attendu, même s’il est impressionnant, mais les passagers de la «Business Class» sont également très bien traités. Les sièges de la classe affaires sont transformables en lits plats et non «presque plats» comme c’est le cas sur d’autres compagnies que je ne nommerai pas. Les prestations servies sont de grande qualité et le personnel d’une parfaite attention aux clients, ce qui n’étonnera personne, mais qui est tout de même très appréciable. Bref, le vol n’est plus un problème mais un agréablement passé en bonne compagnie. Et cela vaut bien le prix demandé.

Changi Airport
Alors, là, chapeau ! Par réputation, je m’attendais à un aéroport de grande qualité surtout disait-on pour ce qui concerne le dernier terminal construit. Eh bien, je n’ai pas été déçu. Certes le terminal n’est pas spécialement beau architecturalement vu de l’extérieur, mais à l’intérieur tout change. Il a été conçu pour le bien être des clients et le résultat est là. Pas de bruit, pas de stress, de grands espaces qui évitent les engorgements, des moquettes de qualité, des salles d’embarquement vastes, des commerces agréablement répartis le tout dans un éclairage qui s’efforce de capter un maximum de lumière du jour ce qui fait à la fois des économies d’énergie et qui est beaucoup plus confortable pour les passagers. J’ajoute des cheminements bien conçus qui évitent les changements de niveau autant que possible et des services terrestres particulièrement efficaces. Aucune queue pour les taxis qui se rangent en épi de façon à faciliter le chargement des bagages et des passagers. Bref, un aéroport conçu pour rendre agréable le moment que l’on aura à y passer. Alors, me dira-t-on, c’est plus facile avec une plateforme d’importance moyenne. Voire ! Changi Airport traite tout de même 42 millions de passagers tous internationaux comparés aux 56 millions de passagers de Roissy dont une grande part de passagers domestiques

Singapour
La crise ? Vous avez dit la crise ? Où est-elle ? La ville état respire la croissance et la prospérité. Un petit peu trop léchée à mon goût, un peu trop aseptisée, mais enfin quelle réussite encore. La croissance n’est pas venue tout seule sans ce petit bout d’île qui ne dispose d’aucune ressource naturelle ni d’un important marché. Et pourtant tout fonctionne, tout se construit, tout se développe dans une apparente harmonie.

Décidément nous devrions aller plus souvent dans ces pays asiatiques qui, sans ostentation, tissent leur toile et donnent discrètement des leçons que les pays occidentaux seraient bien inspirés d’apprendre.

Jean-Louis Barroux