Stéphane Donders, Traveldoo : « L’évolution des outils mobiles de réservation est une demande forte de nos clients »

192

Aller de l'avant en intégrant les attentes et les besoins des clients a toujours été dans l'ADN de Taveldoo même si, parfois, le succès n'était pas au rendez-vous comme chez Axa il y a quelques années. Oubliées les erreurs du passé, l'entreprise poursuit aujourd'hui son développement sur le marché des SBT et de l'expense, et propose depuis quelques jours une solution mobile de "notes de frais", qui n'est que la première étape d'un ensemble de nouveaux projets.

Ancien de KDS et de meilleuregestion.com, diplômé en sciences informatiques, spécialiste de l'IA formé à l'université Pierre et Marie Curie, Stéphane Donders est un pragmatique. "Ne rien promettre de ce que l'on ne pourrait pas tenir" est un peu sa devise tant il a discrètement repris les rênes de Traveldoo au moment du rachat de l'entreprise par Egencia. Et pourtant, les écueils ne manquaient pas. Le premier ? La présence d'Egencia, maître absolu à bord, qui aurait pu effrayer les clients d'autres TMC.

Au final, peu ou pas de changements notoires constatés. Le devoir de réserve et la séparation des entités ont fait le reste. Le départ de Nabih El Aroussi, le fondateur, en 2015 n'aura pas eu de conséquences négatives. Mais aujourd'hui, c'est vers l'avenir que regarde Traveldoo. Et les premières missions sont complexes : refonte de l'expense, intégration de NDC ou dématérialisation… Autant de sujets qui titillent les acheteurs. Rencontre avec Stéphane Donders, le PDG de Traveldoo.

DéplacementsPros : c'est le grand sujet du moment, celui qui inquiète les acheteurs, les SBT seront-ils prêts pour intégrer les flux NDC d'Air France au 1er avril prochain ?

Stéphane Donders : C'est un sujet sur lequel nous travaillons depuis plusieurs mois. Pour que les SBT soient prêts à intégrer NDC, il faut que les compagnies puissent nous fournir les flux. Aujourd'hui, nous attendons celui d'Air France qui devrait être prêt au mois de janvier et nous verrons comment proposer cette offre à nos clients.

Contrairement à ce que l'on pense, c'est une technologie complexe et la mise en route d'une API demande à la fois des phases de tests et des ajustements permanents. Tout cela se fera avec le support que mettra en place la compagnie française.

Nous échangeons depuis maintenant quelques mois avec les transporteurs aériens qui se disent prêts et nous devrions montrer à Londres, au début de l'année prochaine, quelques développements autour de ce nouveau langage NDC. De là à donner des dates précises, ce serait mettre la charrue avant les bœufs.

DéplacementsPros : Cela devra-t-il entraîner des frais supplémentaires pour l'acheteur ?

Stéphane Donders : Il est encore bien trop tôt pour le dire. Ce qui est certain, c'est que le coût de la technologie ne saurait être supporté simplement par le fournisseur. Mais on ne sait pas encore comment tout cela va s'organiser. On entend dire que les GDS offriront des plates-formes d'agrégation, que les compagnies pourraient alléger leurs contraintes et que les SBT ne pourront jamais le faire avant un ou deux ans car la refonte technologique de nos systèmes se fera dans la douleur. Je ne crois absolument pas à cette dernière assertion, pas plus qu'aux autres, faute d'informations sérieuses et précises.

Attendons sans crispation et supposition fantaisiste. Nous savons parfaitement gérer des flux technologiques multiples et je crois que le xml (NDLR: langage de base de la norme NDC), même s'il demande du temps, ne sera pas un obstacle pour son intégration dans le SBT.

DéplacementsPros : Vous venez de sortir une nouvelle application mobile pour la gestion des notes de frais. Pourquoi ne pas l'avoir intégrée à celle du Travel qui existait déjà ?

Stéphane Donders : Ce n'était pas un problème d'intégration mais un problème de besoin. Nos clients nous ont demandé de disposer d'un outil qui permette à leurs voyageurs de simplifier la réalisation des notes de frais. Il s'agissait bien d'un outil d'expense, développé en complément de l'actuelle application mobile. D'autant que cette dernière va évoluer. Aujourd'hui par exemple, elle ne permet pas de faire la réservation en ligne. C'est un objectif que nous nous sommes fixés avec toutes les contraintes que cela demande dans le monde du voyage d'affaires : du moyen de paiement à la validation en passant par le suivi et la sécurisation du voyageur.

DéplacementsPros : Traveldoo aujourd'hui, c'est tout pour le mobile ?

Stéphane Donders : C'est une vision un peu réductrice de nos activités. Nous pensons aujourd'hui que la mobilité est un élément essentiel des déplacements professionnels. Nous avons développé des équipes autour de cette problématique et nous sommes passés en quelques années de 20 à 60 personnes en termes de développement informatique. Nous envisageons le recrutement de 90 personnes rapidement afin de conforter les équipes technologiques indispensables à l'entreprise.

Un fournisseur, et vous le constatez tous les jours, est quelqu'un qui doit être sur le marché avec réalisme. On voit fleurir des dizaines de projets dont on sait déjà, aujourd'hui, qu'ils ne verront jamais le jour. Un acheteur est prudent car il ne saurait investir des dizaines de milliers d'euros sur des solutions qui ne seraient ni pérennes ni utiles. La mobilité est une réalité à condition d'en maîtriser la finalité. Mais le processus lié à la mobilité ne doit pas nous faire oublier les solutions qui existent aujourd'hui en matière de réservation de voyages.

Nous devons les faire évoluer, en fonction des demandes formulées par les acheteurs, mais également des attentes de ceux qui les utilisent tous les jours. C'est un processus permanent, nous en sommes conscients.

DéplacementsPros : On évoque beaucoup la dématérialisation du voyage d'affaires. Comment la voyez-vous ?

Stéphane Donders : Vous avez cité notre application note de frais, je crois qu'elle est totalement dans cette vision de simplification et de dématérialisation attendue par l'entreprise. Elle est multi-devises, elle utilise la reconnaissance vocale et la capture photo. Elle gère des outils de reporting et l'intégration comptable. C'est un exemple très concret d'une chaîne totalement numérique qui répond aux besoins de simplification que l'on entend dans les sociétés.

Nous visons un développement européen de ces outils qui prendra en compte le nouveau plan comptable européen à partir du moment où nous le connaîtrons. À la fin 2018, nous voulons avoir terminé la convergence totale de l'expense et du Travel au sein d'un même outil. Nous allons poursuivre l'intégration de l'hôtellerie et proposer au marché d'autres approches sur lesquels nous travaillons.

DéplacementsPros : L'évolution même du SBT pose question. Est-il toujours cet outil indispensable et nécessaire pour l'organisation des voyages d'affaires ?

Stéphane Donders : S'il ne l'était pas, les entreprises ne l'utiliseraient pas. Aujourd'hui, le SBT est la plate-forme de réservation la mieux adaptée à l'organisation des déplacements professionnels. J'entends dire, ci et là, que les évolutions technologiques vont l'obliger à réécrire l'ensemble du cœur technologique. C'est mal connaître la structure même de ces outils et annoncer des problèmes qui n'ont pas lieu d'être car ils seront réglés bien avant qu'ils se posent. C'est tout le travail d'une société comme Traveldoo d'anticiper ce qui restera véritablement comme un besoin pour le voyageur d'affaires.

On entend aujourd'hui énormément de choses sur les technologies à venir et leur capacité. Tous ces commentaires ne sont concrètement que des mots. Nous essayons de transformer des mots en réalité technologique, non pas pour la seule beauté du développement mais pour leur utilisation quotidienne en entreprise.

DéplacementsPros : 2017, une bonne année pour vous ?

Stéphane Donders : Je pourrais la résumer en un chiffre : plus de 20 % de croissance sur l'année qui se termine et un regard plutôt optimiste sur celle qui s'annonce. Nous avons signé un contrat global autour de l'expense avec un groupe mondial, implanté en Europe, qui ne souhaite pas communiquer pour l'instant mais qui a la volonté d'installer notre application NDF dans une vingtaine de pays dès 2018.

Je vous le disais également, nous allons fortement embaucher pour faire face aux enjeux qui nous attendent et nous allons poursuivre les investissements engagés dans la recherche et le développement pour atteindre les objectifs que je viens de vous détailler plus haut.

Globalement, même si la volonté est toujours de faire mieux, nous avons cherché à bien faire ce que les clients nous demandent, que ce soit pour leur propre gestion en interne ou le confort de leurs voyageurs

Entretien réalisé par Marcel Lévy