La 14ème édition d’Univ’AirPlus s’est tenue ce jeudi 5 septembre au Châteauform City Georges V à Paris. Quelque 300 personnes ont pu écouter experts et professionnels témoigner de l'importance du bien-être pour le voyageur d’affaires.
Le quotidien du voyageur d’affaires n’est pas toujours simple. Ainsi, 80% d'entre eux subiraient des niveaux de stress importants, selon Simpila. Ils évoluent dans un environnement où le smartphone, les e-mails, les applications et logiciels métiers sont devenus des outils omniprésents, entraînant un sentiment continu d'urgence. Anni Hood, Chief Executive de Well Intelligence, s'est étendue sur cette problématique du stress, et rappelé que les entreprises doivent engager leurs voyageurs d’affaires à penser à leur bien-être pendant leurs déplacements professionnels, mettant notamment l'accent sur les besoins pragmatiques comme le respect des temps de sommeil ou l’aménagement de plages horaires de repos.
Hélène Respondek, Area Sales Manager de Boiron Frères, a mis l'accent sur d'autres impacts négatifs. Avec 18 pays visités pendant les six premiers mois de 2019 pour le compte de son entreprise, elle illustre le quotidien des «guerrières de la route», selon l’expression employée par l'animatrice du plateau d'Univ'AirPlus, Karine Vergniol, rédactrice en chef adjointe de BFM Business. Hélène Respondek est passionnée par son travail, notamment motivée par le fait de travailler avec des clients de 25 cultures différentes. Mais les horaires de travail sont souvent à rallonge lors des déplacements. La solitude est parfois une réalité du voyageur d'affaires. De plus, il n’est pas toujours aisé de gérer ce fragile équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Et les personnes à l'extérieur comprennent mal qu'on puisse parfois se plaindre alors qu'on a la chance de voyager...
Notre interview de Julie Troussicot, directrice France d'AirPlus, dans le cadre d'Univ'AirPlus
Une table ronde dédiée à la Traveller Centricity a d’ailleurs suivi pour évoquer les solutions à envisager pour réduire l’impact psychologique des déplacements professionnels. Pour le Dr Arnaud Derossi, directeur médical régional d’International SOS, le constat dressé quant au stress et à l’impact psychologique généré par le voyage d’affaires est sans équivoque. «Le voyage est par essence un facteur déstabilisant», argumente-t-il, générant des impacts psychologiques et parfois des phénomènes de décompensation. Il est donc essentiel que les Travel Managers et les DRH soient véritablement à l’écoute de leurs voyageurs. Or, c'est loin d'être la règle. Selon une étude ITM, 86 % des Travel Managers ne sondent pas leurs voyageurs à l’issue de leur déplacement professionnel.
Certaines entreprises ont toutefois bien compris l’importance de prendre en compte le bien-être du voyageur. Ainsi, Fabrice Fourcot, Vice-President Human Resources Administration and reporting du Groupe SEB, a évoqué la responsabilisation du voyageur d’affaires dans les pratiques de réservation proposées en rappelant que la pratique - encadrée - du bleisure était autorisée au sein du Groupe car elle correspondait aux attentes des voyageurs d’affaires.
Chez Malakoff Médéric Humanis, des baromètres ont été mis en place pour mesurer la qualité de vie au travail mais aussi pour prévenir les risques. L’objectif étant de préserver le capital humain, comme l’a évoqué Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation de Malakoff Médéric Humanis. Même priorité au sein de Criteo où, parmi les initiatives citées par Emilie Nas de Tourris, Senior Global Travel Manager, figurent la réalisation d’enquêtes de satisfaction voyageurs, une approche très collaborative qui redonne le «pouvoir» aux voyageurs d’affaires, ainsi que la mise en place de Airbnb for Work pour répondre à une vraie demande et élargir la palette des hébergements proposés aux voyageurs.
La prise en compte de l’indispensable bien-être des voyageurs commence ainsi à faire son chemin dans les politiques voyages des entreprises. Les acheteurs sont d’ailleurs en première ligne de cette tendance « traveller centricity » comme évoqué lors de la table ronde. Chez Capgemini, le département RH a été impliqué dans une démarche orientée bien-être des voyageurs. Les feedbacks des voyageurs sont sollicités afin d’ajuster en permanence l’offre à la demande, aux besoins et aux nouvelles pratiques, a témoigné Katharina Navarro, Travel Manager Europe de Capgemini.
Chez Ikea Group, Pernilla Evinder, Global Travel Manager, a expliqué pourquoi la firme suédoise avait créé un département «santé et bien-être» auquel RH et Travel Managers sont associés. Cette attitude «traveller centric» se traduit, pour l’acheteur et son sourcing, par une personnalisation des produits et des services, par la quête de meilleures conditions pour les voyageurs ou encore par la recherche d’une qualité optimum.
Les start-up 2019
Trois start-up ont «pitché» en conclusion d’Univ’AirPlus 2019, toutes positionnées autour de solutions relevant de ce « traveller centric ». Estay (application pour éviter l’isolement des voyageurs d’affaires), Ekotrip (plateforme éco-responsable de réservation de voyages d’affaires) et Moodwork (solution digitale pour rendre chaque salarié acteur de son bien-être) ont pu présenter leur offre et recueillir en même temps le ressenti des voyageurs d’affaires et Travel Managers présents. Moodwork a largement remporté le prix de l’Innovation Room.