Les prix de l’énergie feront-ils encore augmenter les tarifs hôteliers ?

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Les professionnels de l’hôtellerie et la restauration montent au créneau pour renégocier les prix avec les distributeurs nationaux. La hausse des charges pourrait venir alourdir la facture des clients, à laquelle s’ajoute, en 2024 « l’effet JO » et la hausse de la taxe hôtelière en Ile-de-France. 

A travers une lettre adressée au ministre de l’Economie et des Finances, l’UMIH (Union des Métiers et des Industrie de l’Hôtellerie), le HCR (Hôtel Café Restaurant) et le GHR ( Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France) ont appelé a renégocier le prix des contrats pour les hôteliers et restaurateurs avec les distributeurs d’électricité en urgence. « Selon une enquête menée par les deux principales organisations du secteur, plus de la moitié des professionnels (59%) restent tenus par des contrats d’approvisionnement en énergie à des prix extrêmement élevés, c’est-à-dire supérieurs à 180€ le Mwh alors que le prix du MWh a diminué depuis la fin 2022 et qu’il se situe à moins de la moitié de ce prix », est-il indiqué dans la lettre adressée à Bruno le Maire, que la rédaction de DeplacementsPros s’est procurée.

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Avant d’ajouter : « Si des aides ont été annoncées, la demande urgente et légitime de ces professionnels consiste à les libérer de ces contrats pour en signer d’autres dans de meilleures conditions ». Selon les organisations, plus de la moitié des professionnels (53%) ont tenté de renégocier leur contrat et seulement un sur trois (32%) affirme avoir obtenu une baisse du prix de l’électricité. A cela s’ajoute la hausse de la taxe hôtelière en Ile-de-France applicable depuis le 1er janvier 2024 (+200%) et un effet JO qui booste l’augmentation des prix dans certaines villes, en plus de l’inflation. 

Qui paiera la facture ? 

L’enjeu pour les hôteliers, et non des moindres, est donc de réussir à faire baisser leurs charges afin d’augmenter leur rentabilité et, à terme, revenir à des prix plus raisonnables. Selon l’UMIH, l’achat d’électricité représente environ 3,8% du chiffre d’affaires des professionnels dans le secteur. « La renégociation s’impose, mais elle exige, pour être efficace, le soutien du ministre et l’accompagnement de nos syndicats. Il est nécessaire de réactualiser la charte signée par les principaux fournisseurs en octobre 2022, pour embarquer tous les intervenants du secteur de l’énergie et leur demander de mettre en place un vrai mécanisme de renégociation des contrats en cours, avec des résiliations sans frais », a déclaré Thierry Marx, Président de l’UMIH, à travers un communiqué.

Un plafond tarifaire qu’il est difficile d’augmenter

Pour Oliver Steuermann, Président du THCC (cercle et communauté d’hôteliers indépendants et propriétaires hôteliers), les prix de l’électricité sont « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». « En comparaison avec d’autres pays européens, nous sommes bien plus impactés et nous sommes face à un effet cumulatif », déclare-t-il. Mais, selon lui, les clients n’ont pas à redouter une hausse tarifaire liée aux coûts de l’énergie. « La majorité des hôteliers ne peuvent pas augmenter leurs tarifs davantage, on aimerait bien, mais on doit continuer de vendre et il y a une limite à l’acceptable. Du coup, la plupart prennent ce surplus à leur charge et c’est la compétitivité des hôteliers français qui se retrouve menacée », nous confie-t-il.

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De son côté, Hugues Baalouch, Président de la commission Energie de l’UMIH, nous confirme que les charges liées à l’énergie deviennent de plus en plus compliquées à supporter pour les hôteliers : « Il y a l’électricité, mais il y a aussi la problématique du gaz et étant donné que l’Etat souhaite en sortir progressivement d’ici 2030, il n’y aura rien pour aider en ce sens ». L’UMIH craint de voir des hôteliers mettre la clé sous la porte face à ces augmentations et l’impossibilité de les répercuter pleinement sur leurs prix, de peur de perdre des clients. Demain, mercredi 21 février, une réunion à Bercy doit se tenir sur l’accompagnement des entreprises en cette période de crise et connaître les aides reconduites par l’Etat en 2024.