Baromètre EPSA : l’année 2024 entre changements et stabilisation

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A l’occasion de l’IFTM, EPSA a dévoilé son baromètre annuel du voyage d’affaires. Entre une inflation qui perdure, les nouvelles normes de distribution et la crise écologique/énergétique, le marché doit faire face à de nombreux changements qui le poussent à évoluer. 

Avec une inflation de +5,8% en moyenne depuis début 2023, les dépenses liées au voyage d’affaires augmentent. A cela s’ajoute des difficultés de recrutement, l’émergence de l’IA générative et l’urgence climatique. Des paramètres macroéconomiques avec lesquels les acteurs du voyage d’affaires et les entreprises doivent composer. Selon EPSA, les agences et acteurs du voyage d’affaires doivent relever de nombreux challenges, dont une distribution complexifiée, un modèle financier sous tension, l’arrivée de nouveaux entrants ou bien encore la vigilance accrue des clients sur les coûts. 

Urgence climatique et transition écologique 

Si la reprise du marché corporate est franche et qu’elle dépasse les prévisions, ces acteurs doivent désormais être capables de délivrer un service de qualité et se remettre en question. Parmi les sujets les plus importants : celui de la décarbonation, notamment dans l’aérien. Selon Delphine Barault, Director Corporate Sales French Market pour Air France-KLM, les compagnies aériennes ont désormais l’obligation de travailler pour réussir à atteindre les objectifs de 70% de SAF d’ici 2050 : « Ce n’est plus une option et il faut que l’on s’engage. Mais pas nous uniquement, il faut un engagement collectif de toute l’industrie ». Pour y arriver, le groupe mise sur l’utilisation des SAF et eFuel et rappelle qu’Air France-KLM a acheté 17% du SAF mondial disponible. Concernant l’impact de ces carburants durables sur le prix du billet (4 fois plus cher à l’achat que le kérosène), il sera certain mais ce sera le prix d’une transition durable et pérenne. Pour NDC, Delphine Barault confirme qu’en 2023 tout s’est accéléré et qu’un quart des billets de la compagnie est vendu via NDC, principalement sur le marché Loisirs. 

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Selon le baromètre EPSA, les prix de l’aérien s’envolent au S1 2023 avec 18,8% d’augmentation en moyenne vs 2022, +12,5% sur le moyen-courrier et +22,1% sur le long-courrier. En cause : la demande en forte hausse, le prix du carburant, le renouvellement de la flotte ou bien encore l’intégration progressive des SAF. 

Transfert modal de l’avion vers le train 

Concernant le train, le marché connait une très forte dynamique sur le marché Loisirs depuis 2022 et, sur le corpo, les niveaux de fréquentation ont été supérieurs de +1% au mois de septembre par rapport à 2019. « On a pu observer un transfert modal de l’avion vers le train sur des trajets pouvant aller jusqu’à 3h30″, explique Guillaume Confais-Morieux, Market Director Travel Agencies chez SNCF Voyageurs. Malgré une hausse de 5% du prix des billets de train, les wagons n’ont donc jamais été aussi pleins. 

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Entrée en vigueur depuis le 26 septembre dernier, la norme de distribution PAO s’installe peu à peu et, selon lui, de nombreux intermédiaires sont déjà en train de faire la bascule sur du « full PAO ». Il ajoute : « Il y a un besoin de rationalisation et d’efficacité des outils. La bascule pour les acteurs du marché va se faire en deux temps et la prochaine échéance sera le 10 octobre. Nous travaillons avec les agents et les accompagnons dans cette transition ». Selon EPSA, les coûts de production de la SNCF ont augmenté de 13% et la hausse moyenne du prix des billets s’établit à 6,8% en France et à 4,2% en Europe. 

L’inflation perdure, le taux d’occupation se stabilise 

Enfin, les tendances sont également à la hausse dans l’industrie hôtelière. Que cela soit le taux d’occupation ou le RevPar, cette tendance haussière se confirme au niveau européen. « L’hôtellerie est la grande gagnante de l’ère post-Covid », affirme Ziad Minkara, Président de CDS Group. En 2023, cette augmentation tend à se stabiliser et l’on note même une légère inflexion (-1,1point) sur le taux d’occupation, notamment sur le marché corpo. Si la Coupe du Monde de Rugby boostent les réservations, les matchs ont lieu essentiellement le week-end et l’impact sur l’activité Affaires reste modérée. Pour les JO, Ziad Minkara rappelle que les épreuves auront lieu fin juillet/début août et que cette période est d’ordinaire très calme pour l’activité Affaires. Selon EPSA, en 2024, le prix moyen d’une nuit dans un établissement hôtelier augmentera de 4,7% par rapport à 2023 et de 27% par rapport à 2019. 

2023 comme nouvelle année de référence 

Christophe Roth précise que la demande en termes de voyage d’affaires reste en deçà des niveaux de 2019 mais est compensée par l’inflation, de l’ordre de 15% sur le total des dépenses de l’industrie. « Le panier moyen augmente et pour 2024 nous anticipons de la stabilité. Après deux années de très forte augmentation, nous devrions revenir à des niveaux plus modérés et garder 2023 comme année de référence », explique-t-il. Parmi les « freins » qui pourraient peser sur les résultats du marché : l’urgence climatique, le cadre législatif, la crise énergétique ou bien encore l’inflation. Il conclut : « En 2024, les enjeux seront : distribution, optimisation, service et décarbonation. Cela va demander aux acteurs une grande flexibilité et de l’adaptation pour faire face à ces nombreux changements ».