L’Egypte, futur « big spot » du voyage d’affaires ?

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L'Egypte, futur
La Nouvelle Capitale Administrative qui émerge depuis un an du désert égyptien.

Un récent rapport considère que le secteur du voyage d'affaires va connaître une croissance exponentielle dans les prochaines années, porté par une forte croissance de son PIB et l'avènement de sa Nouvelle Capitale Administrative...

Lors de la 2ème édition du forum A World for Travel, organisé par Eventiz Media Group (propriétaire de DeplacementsPros), qui s’est tenue à Nîmes les 27 et 28 octobre 2022, la vice-ministre au Tourisme de la République d’Egypte, Ghada Shalaby, faisait partie des intervenants. Elle était avant tout venue parler de la COP27 que son pays devait accueillir la semaine suivante.

Mais à la marge, elle avait évoqué les “méga-projets” qui participaient au développement de la “Nouvelle Egypte”. Parmi eux, la NCA (Nouvelle capitale administrative) constitue un lien entre l’intervention de la ministre et l’étude que vient de publier le cabinet Globaldata, selon laquelle “l'économie croissante et le développement structurel de l'Égypte présentent une opportunité considérable pour l'expansion à long terme du tourisme d'affaires dans la région de l'Afrique du Nord.” Et cette NCA devrait jouer un rôle important dans cette perspective.

BT : +9% par an

Le rapport de GlobalData est intitulé "Tourism Destination Market Insight : North Africa”. Notons que si nous reprenons ici certains des termes de l’étude, l’appellation “North Africa” (“Afrique du Nord”) nous semble peu adaptée. Car si l’étude concerne bien les pays du Maghreb, elle concerne aussi des pays du Moyen-Orient, tel que l’Egypte, donc. Cette précision faite, le rapport indique que “les voyages d'affaires sont actuellement peu développés en Afrique du Nord, représentant seulement 10% des voyages dans la région en 2021 (mais que) le développement économique rapide de l'Égypte contribuera à stimuler la croissance des voyages d'affaires à l'avenir.”

A propos de cette croissance économique égyptienne, le rapport prévoit un PIB - de 410 milliards USD en juin 2022 - qui atteindrait 526 milliards USD en 2025 et que “compte tenu de ce développement économique rapide, les voyages d'affaires seront l'un des secteurs les plus dynamiques du pays, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 9,2 % entre 2021 et 2025."

Mégalo (pole, manie)

Et cette dynamique devrait donc être notoirement alimentée par cette NCA. Sorti du désert, à partir de l’été 2021, ce projet pharaonique s’étendant sur 700 km² (Singapour ou sept fois Paris), pouvant accueillir quelque 6,5 millions d’habitants sera, comme son nom l’indique, le siège des organes du pouvoir égyptien. Mais elle prendra en outre des allures dubaïotes (par son côté "financial district", sa "plus haute tour d'Afrique" (jusqu'à la prochaine)...).

Estimé à 58 milliards USD, dans un pays où près de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le projet interroge sur la stratégie du gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi. L’hypothèse d’une certaine mégalomanie du chef de l’Etat n’est pas à exclure. La volonté d’éloigner les lieux de pouvoir de la "rue caïrote", non plus.

Quoiqu’il en soit, d’après le rapport Globaldata, "la construction d'une nouvelle capitale administrative à 45 kilomètres à l'est du Caire et du nouvel aéroport de la capitale, reliant Le Caire et Gizeh" devraient contribuer à la croissance économique du pays en général, et, en particulier, du "commerce entre l'Algérie, l'Égypte, la Libye, le Maroc et la Tunisie."

A noter que la croissance de l’Egypte n’a pas été stoppée la crise pandémique, contrairement à celle de certains de ses voisins. Les analystes estiment que cette résistance est due à une moindre dépendance de son économie au secteur touristique - qui ne représente que 2% de son PIB. Mais l’Egypte aimerait en élever la valeur absolue. Moins en augmentant le nombre de touristes, qu’en attirant des touristes qui dépensent plus. Et pour cela, les business travelers sont parfaits.