Naboo lève 7,5 M€ sur un marché « séminaires » en pleine évolution

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Naboo lève 7,5 M€ sur un marché

Née il y a moins de deux ans, la startup Naboo surfe sur la bonne santé du marché "séminaires" dont l'offre est elle-même en pleine évolution. A suivre...

On l’a assez écrit dans ces colonnes depuis trois ans. D’abord en reprenant les prudentes prospectives des professionnels du MICE, puis par la confirmation de leur pertinence qui s'avérait de plus en plus certaine : la nouvelle organisation du travail (télétravail, flexoffice…) booste la demande d'événements pros, notamment de séminaires.

Marché porteur

Alors, bien sûr, les 9 milliards d’euros que représenterait ce marché (le MICE globalement, en 2022, selon Ernst & Young) aiguisent les appétits. Dont celui de Lucien Bredin, Antoine Servant, Jean-Louis Villeminot, et Maxime Eduardo, cofondateurs de Naboo (c'est ce dernier qui a répondu à nos questions, à propos de cette actualité stimulante pour cette jeune startup). Et les investisseurs suivent puisque Naboo annonce une levée de fonds de 7,5 M€ auprès d’ISAI, Kima Ventures, Better Angle et de ses investisseurs historiques, Cap Horn et Maif Avenir, qui avaient mis 2 millions au pot lors d’un premier tour de table au premier trimestre 2022, alors que la startup était lancée.

L'émergence de Naboo se fait donc dans un contexte favorable au MICE et qui, au niveau de l’offre en France, a connu deux faits majeurs durant les années post-Covid. D’une part, le renforcement des départements Meetings & Events dans les grosses TMC, voire la création de cette activité dans des agences de moindre importance, jusque-là dédiées au seul business travel. D’autre part, la fusion Bird Office/Kactus à la mi-2022, dont naquit le nouveau Kactus, poids lourd dans le domaine, avec ses 110 M€ de CA en 2023. Un phénomène de concentration à peu près concomitant avec la disparition de certains acteurs moins solides - citons Privateaser qui semble s’orienter vers les événements privés.  

Pas de devis

Mais se frotter à ces acteurs costauds n’est pas de nature à effrayer Maxime Eduardo puisque, estime-t-il, l’offre Naboo est disruptive : “Traditionnellement, l'événementiel B2B fonctionne sur devis. Sur notre plateforme, on a un prix directement, pour du all-inclusive comprenant la salle, les activités, l’hébergement, le F&B…” 

Effectivement, ça change… mais ça surprend aussi alors que le secret de la réussite d’un événement réside souvent dans les détails, donc le sur-mesure, donc le devis. “En fait, 80% de nos réservations concernent des événements standards. Pour les 20% avec des demandes spécifiques, il y a de l’humain derrière. Mais grandement adossé à de la tech, puisqu’on possède les outils pour faire sortir un prix, sans passer par le fournisseur”, explicite-t-il.

Effet séduction

Dans cette ambition affichée de “réservation instantanée et transparente”, comme on peut s’en douter, la référence des cofondateurs de Naboo émane de l’expérience BtoC sur un Booking.com ou un Airbnb. 

On comprend l’effet de séduction, effectivement, et le communiqué de presse qui annonce la levée de fonds ne se prive pas de souligner que “plus de la moitié des entreprises du CAC 40 ont déjà fait appel à (Naboo) pour l’organisation de leurs séminaires” et de citer des noms, français ou non, à se faire pâmer n’importe quel fournisseur (EDF, Payfit, Google, Chanel, Ikea, KPMG, Airbus…). 

Mais bien sûr, entre un “one shot” à 2.000€ et un contrat cadre, il y a une paille. Ce que ne nie pas Maxime Eduardo : “Mais nous avons déjà des accords cadres avec plusieurs entreprises de plus de 1.000 salariés et on est en discussion avancée avec des entreprises du CAC 40”.

Airbnb jusque dans les marges

Autre affirmation du communiqué de presse qui étonne et détonne : la rentabilité - au bout de moins de deux ans d’existence - de Naboo. Le même de répondre avec la même transparence que sa plateforme est censée proposer : “Au mois de janvier 24, nos réservations se sont élevées à 1,5 M€ (et, sur 2023, à 8 M€, ndr), margés à 17%, soit 255.000 € de revenus : ça paye les salaires.” Des salaires modestes puisque la start-up annonce 55 collaborateurs. 

Quant à ces 17% de marge, ils sont remarquables dans un secteur où certains acteurs se satisfont d’une marge de 10 à 12%. Et d’autant plus remarquables que “les prix proposés sur la plateforme sont moins élevés ou, au pire, égaux, qu’à ceux affichés en direct par les fournisseurs”. 17%, effectivement, c’est habituellement plus du Airbnb que du MICE.

Les 7,5 M€ levés par Naboo seront notamment consacrés à l’internationalisation de son activité; ainsi le Royaume-Uni est-il un objectif pour 2025. 9 milliards d’euros d’un marché en expansion, disions-nous, nul doute que d’ici là, de nouveaux entrants auront pointé le bout de leur nez. Le commentaire d’Arnaud Katz, CEO de Kactus : “On regarde toujours attentivement ce qui se passe. C’est normal que ce marché qui se porte bien attire : c’est le jeu. En attendant, l’effet le plus direct pour nous, dès qu’il y a un nouvel entrant qui, naturellement, cherche à booster son référencement, c’est ce que ça fait monter les prix Google Ads”. 

Ah oui, Google Ads…