Stanley Baudu (Virtuo) : « Nous voulons être accessible sur les SBT de toutes les TMC »

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Co-fondée en 2016 par Thibault Chassagne et Karim Kaddoura, Virtuo est un loueur de voiture de courte durée, 100% dématérialisée et sans contact. Sa dernière levée de fonds lui permet de confirmer ses ambitions, et notamment d’assurer son expansion en Europe et d’électrifier sa flotte. Qu’en est-il du segment corporate chez ce loueur nouvelle génération ? Stanley Baudu, le responsable de Virtuo for Business, la plateforme dédiée aux entreprises, fait le point pour DéplacementsPros.

Comment se porte Virtuo ?
Stanley Baudu : Nous allons bien. Nous avons même enregistré une croissance de notre activité ces derniers mois, malgré le Covid. Et il est vrai que la location de voiture sans contact présente des avantages, avec notre application smartphone permettant de déverrouiller sa voiture, sans clé physique et sans comptoir. Plus besoin de faire la queue dans une agence, c’est aussi un gain de temps. Essayer Virtuo c’est souvent l’adopter ! Le taux de satisfaction de nos clients est de 92%. Aujourd’hui, notre produit c’est notre meilleur bouche à oreille. Nous n’avons pas besoin de faire de grandes campagnes marketing. Et c’est aussi pour ça que nous avons réussi récemment encore à séduire les investisseurs.

Vous avez en effet levé 80M€ en mai dernier (*)…
Ces fonds vont servir à augmenter et électrifier notre flotte – composée aujourd’hui de 4 000 véhicules – ainsi qu’à nous implanter dans de nouveaux pays en Europe. Nous sommes présents en France, au Royaume-Uni (Londres), en Espagne (Barcelone, Madrid) et depuis cette année en Italie avec Milan et peut-être Rome en 2022. Et nous lançons l’Allemagne – avec Berlin, Munich et Francfort – et la Suisse – Genève – l’an prochain. Pour les années suivantes, on regarde vers la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède.

Que pèse le segment corporate chez Virtuo ?
Il représente 10% de notre activité aujourd’hui. On espère que ce pourcentage passera à 30% d’ici 2025, dès qu’on sera accessible sur tous les outils des TMC. Nous avons aussi réussi à séduire les investisseurs avec la promesse de révolutionner la location de voiture du côté du business travel. Aujourd’hui, 60% des Français vivent dans des métropoles où l’offre de transport en commun est conséquente. La transformation d’une logique de propriété d’un véhicule vers une logique d’usage concerne d’abord la location des particuliers. Mais elle sera en parallèle valable également pour les entreprises. Quel intérêt de posséder une voiture de fonction si l’on habite en ville ? Nous savons que la transition prendra du temps, notamment en raison de cette notion statutaire associée au véhicule de fonction. Mais ce changement est inévitable et s’inscrit dans la logique du Crédit Mobilité qui se généralise…

Comment entendez-vous augmenter la part du corporate dans de telles proportions d’ici 2025 ?
Aujourd’hui, nous comptons environ 500 clients, uniquement des PME, lesquelles peuvent booker via notre plateforme. Mais nous savons que 90% des entreprises du SBF120 attendent que nous soyons accessible sur les SBT. Et c’est aussi la raison pour laquelle les TMC ont commencé à manifester un intérêt pour Virtuo. Nous venons de gagner l’appel d’offre Orano (ex-Areva) qui utilise l’outil d’une grande TMC avec laquelle nous devrions engager un partenariat avant juin prochain. Nous sommes déjà présent dans le SBT de The Treep, et bientôt accessible sur les outils de TravelPerk, Notilus, Carbookr, Egencia… Nous espérons être présent un jour prochain dans tous les SBT. L’intégration dans ces outils va révolutionner l’approche de Virtuo dans le business travel.

Revenons aux atouts de votre offre pour le voyageur d’affaires…
Je ne m’étends pas sur les avantages d’une location sans contact. Un point important pour certains clients, c’est la garantie d’avoir le modèle de voiture qu’il a réservé. Sur le segment affaires, un autre atout est la garantie que le véhicule est disponible. Nos voitures sont toutes connectées à notre système. Et nous savons précisément quand elles sont disponibles ou pas. C’est aussi pour cette raison que nous séduisons les assisteurs, un gros marché de la location de voitures sur le segment corporate. Nous proposons par ailleurs, depuis avril dernier, la livraison du véhicule à domicile ou au travail. Ce service est désormais opérationnel à Paris (y compris petite couronne), Londres, Madrid, Barcelone et Milan. Il est gratuitpour les entreprises et concerne déjà 10% de nos clients. Et nous améliorons encore l’offre en testant actuellement des demandes formulées au moins 4h avant la remise du véhicule, contre 24h aujourd’hui.

Quels sont les autres avantages proposés par Virtuo for Business ?
Les clients corporate ont accès à des services supplémentaires comme des tarifs négociés, une facturation centralisée et détaillée ou encore un service client dédié. Toujours pour améliorer notre offre sur le segment corporate, nous nous efforçons de nous intégrer de bout en bout, en rajoutant notamment la gestion des note de frais, avec Mooncard et Concur Expense. Plus nous simplifions le quotidien des voyageurs et travel managers et plus nous avons de chance d’être choisi comme fournisseur.

Les grands loueurs ont un atout énorme, ils sont présents partout…
Et ce n’est pas notre cas en effet. Notre objectif n’est pas de les remplacer. Nous nous positionnons comme un loueur complémentaire. Et cela durera au moins cinq ou dix ans. Mais nous sommes en train de lever progressivement les freins géographiques. Nous sommes présents dans toutes les grandes villes. Notre ambition est de l’être notamment dans tous les aéroports et gares des capitales régionales. Ce n’est pas encore le cas : on nous trouve dans la plupart des gares mais pas toujours dans les aéroports. Cela dépend aussi de nos choix. Le trafic, par exemple, est relativement limité sur l’aéroport de Bordeaux. Ces arbitrages expliquent aussi que nous ayons réussi à prouver aux investisseurs que nous étions sur la voie de la rentabilité.

Karim Kaddoura (à gauche) et Thibault Chassagne, co-fondateurs de Virtuo

Et avoir des places de parking dans les aéroports n’est peut-être pas toujours une sinécure…
Il y a parfois des barrières à l’entrée pour avoir des places de parking, dans le cadre des appels d’offre. Mais les aéroports sont en effet les seuls vrais endroits où c’est potentiellement plus compliqué. Les loueurs digitaux passent parfois après les loueurs traditionnels. Les places de parking peuvent être un vrai enjeu. Dans certains aéroports comme Lyon, nous sommes présent sur le parking de l’aéroport. A Roissy, Orly, Toulouse et Nice nos voitures se trouvent stationnées sur les parkings d’hôtels. Et nous amenons la voiture à la dépose-minute du terminal où se trouve le passager, contre une surcharge de 15 euros. Le client récupère ainsi sa voiture sans avoir à attendre plus de cinq minutes. Et comme nous dématérialisons l’expérience et n’avons pas d’agence, nous supprimons la taxe de 30€ des gares et aéroports.

Pas d’agence physique et pas de taxe dans les gares et aéroports… Cela se retrouve-t-il dans vos tarifs ?
Oui en effet, nos prix sont très compétitifs. Les acheteurs Travel nous disent qu’ils réalisent avec nous 20 à 30% d’économies. Car nous incluons tous les services et il n’y a pas de surfacturation.

Quels types de véhicules proposez-vous ? Quid de la voiture électrique ?
Comme n’importe quel loueur, nous achetons tous types de véhicules, neufs et que nous exploitons pendant six mois. Nous avons pour objectif d’être doté de 15% de voitures électriques en 2022, 50% en 2025 et 100% en 2030. Cela s’inscrit dans notre démarche éco-responsable. Sur ce point, je rajouterais que nous allons compenser 100% des émissions carbone dans le cadre des locations corporate. Et je rappellerais enfin que nous prenons à notre charge le calcul des émissions de CO2…

(*) Virtuo a finalisé en mai dernier une levée de fonds 80 millions d’euros, dont 50 millions dans le cadre d’un tour de table supervisé par Axa Venture Partners, avec Large Venture (Bpifrance), Alpha Intelligence Capital, H14, et les actionnaires historiques Balderton Capital, Iris Capital et Raise Ventures, et 30 autres millions obtenus auprès de Natixis et plusieurs établissements du groupe BPCE.