TOTEC22 – « La RSE, c’est comme le numérique : si on ne prend pas la vague, on reste derrière »

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TOTEC22 -
Emilie Riess, de Groupe Pierre & Vacances Center Parcs (à g.) et Odile Maarek, de Bolloré Logistics, lors du derrnier TOTEC.

Les directrices RSE de Bolloré Logistics et du groupe Pierre & Vacances ont partagé leurs best practice sur la scène du dernier TOTEC.

En assistant à la table-ronde "Achats responsables, évolution de la marque Employeur : les best practices", on s'attendait à un listing de recettes "anti-carbone". Ce ne fut pas le cas. Que le sujet de la décarbonation n'ait été que peu développé est certainement le signe des limites auxquelles se heurtent ces stratégies au sein des entreprises des deux speakers présentes sur scène - elles aborderont ces difficultés. Mais ce pas de côté par rapport à la question environnementale a le mérite de mettre à l'honneur le "S" de RSE...

Toutes deux directrices RSE (et/ou du développement durable), respectivement pour Bolloré Logistics et Groupe Pierre & Vacances Center Parcs (P&E), Odile Maarek et Emilie Riess travaillent pour des industries on ne peut plus éloignées. Si des spécificités ont affleuré au cours de leur dialogue, leur expérience de la mise en place d'une politique d'achats responsables ont fait état de nombreuses similarités. 

Odile Maarek l'annonce : l'objectif, chez Bolloré Logistics, est de "zéro faute" en termes d'achats responsables. C'est dire combien le sujet est pris au sérieux, Emilie Reiss, de son côté, précise que l'ensemble des marques de son groupe - Pierre & Vacances, Center Parcs, Maeva, Adagio - est "embarqué dans cette stratégie". S'y engager est impérieux, urgent et elle le résumera ainsi : "La RSE, c'est un peu comme le numérique : si on ne prend pas la vague, on reste derrière". 

Une prise de conscience aurait eu lieu au sein de son entreprise, lors de la Cop 21 (celle de Paris, en 2015) : il faut désormais "écouter les experts du GIEC". Dès lors, des objectifs décennaux sont fixés au sein du groupe de loisir : "de 2017 à 2027, (ses) scopes 1 et 2 devront réduire de 43% leurs émissions; le scope 3 (96% des émissions), de 30%."

Transport

Les émissions de CO2, ce sont, en grande partie, les transports. Lorsque le domaine est celui du tourisme, comme chez P&E, il est une nécessité. Et, à ce titre, Emilie Reiss précise qu'en moyenne, les clients qui se rendent dans les établissements du groupe ne parcourent "que" 250 km. Quand on travaille dans la logistique, comme Odile Maarek, c'est tout simplement le cœur de métier.

Or, cette dernière avoue les limites de son action : si, dans le cas du transport maritime, l'action est plus efficace sur les armateurs (le choix, les exigences), concernant le transport routier, selon les endroits du monde, Bolloré Logistics serait "soit face à des PME, soit face à des entreprises en situation de monopole". Dans les deux cas, pour des raisons différentes mais bien compréhensibles : dures à "bouger" sur les sujets RSE.

Social, local

C'est donc sur les sujets sociaux et sociétaux que vont insister les deux directrices RSE. Si Emilie Reiss pense que son rôle consiste notamment à "accompagner les acheteurs sur les risques que comportent les achats non vertueux" et que la sobriété carbone fait bien partie des critères, il faut aussi penser "local, social, et dans le cas de biens, des notions plus fines telles que la réparabilité".

En termes sociaux, P&E se veut acteur local : "Notre offre est designée avec les Offices du Tourisme pour faire sortir nos clients dans les territoires où ils se trouvent". Odile Maarek insiste sur l'inclusion : "Dans nos filiales à travers le monde, un tiers de des membres de nos communautés de direction sont des femmes (...) Nous encourageons l'empowerment des femmes, surtout dans certains pays." Et sur la lutte contre la corruption, en enquêtant auprès des personnels internes, en informant des bonnes pratiques (tirées de la loi Sapin 2) les fournisseurs.

L'accompagnement des fournisseurs est, pour chacune des deux intervenantes, un outil clé de la méthode. Il en va de même pour la co-construction entre terrain et direction. La nécessité aussi, que les mesures prises soient désirables pour le client. Côté Bolloré Logistics, une sorte de compétition est mise en place entre les filiales à travers le monde au petit jeu du "qui est le plus vertueux".

Emilie Reiss de conclure : "Nos services RH nous réclament des exemples forts de notre politique RSE pour convaincre les candidats en recrutement. Et ça, c'est complètement nouveau." Odile Maarek ne peut s'acquiescer.