Air France : Vers la fin des « private channels » ?

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Amis acheteurs, travel managers, décideurs, sachez qu’après le 10 juillet, vous risquez de payer des surcharges de 12 Euros par tronçons sur les vols réservés sur Air France. En cause, la fin de certains « private channels » dont celui avec Amadeus.

Parler entre professionnels c’est bien, mais parler des choses qui fâchent c’est mieux. Et ça tombe bien, car voici deux nouvelles qui risquent de faire grincer pas mal de dents et qui n’ont malheureusement pas été abordées dans le récent webinar de l’AFTM auquel participaient Amadeus et Air France.

Vous avez dit « Private channels » ?

Le « Private Channel » est un accord commercial accordé par des transporteurs, dont Air France, à des acteurs sélectionnés (dont des GDS comme Amadeus et certaines TMC). En clair, en échange d’avantages (mise en avant, positionnement préférentiel des offres…), le transporteur gèle l’application des surcharges GDS décidées depuis la mise en place du protocole NDC (qui soit dit en passant est toujours à la traîne en France). Mais voilà, l’épée de Damoclès ne tient plus qu’à un fil et l’accord Air France / Amadeus qui devait tomber le 1er juillet a finalement été prorogé de près de deux semaines.

Des tractations secrètes ?

De toute évidence oui et bien entendu, personne n’en fait la publicité, car la menace est bien réelle. Le but des compagnies est de minimiser les coûts de distribution, et ce depuis plus de deux ans. Étant donné l’état du marché, il y a fort à parier que beaucoup d’acteurs vont tenter de mettre un terme ou du moins renégocier ces « avantages consentis ». C’est d’ailleurs ce qu’on fait British Airways et Lufthansa. En contrepartie, ces transporteurs européens ont ouvert les canaux NDC fiabilisés et opérationnels. Ils y proposent même des tarifications qui ne figurent pas dans les GDS (et qui sont pourtant plus intéressantes pour le client final) restées fidèles à l’ancien modèle de distribution. 

Et avec ça on vous rajoutera bien une petite charge de 50€ ?

Autre point non abordé dans cette discussion entre professionnels : la gestion des avoirs. La compagnie nationale facture 50 euros la gestion d’un avoir pour un compte de tiers. Si vous voulez en savoir plus, allez voir l’excellent papier de nos confrères de l’Écho Touristique. Dans votre budget, ça donne quoi ?

Et donc ?

À un moment où des voix s’élèvent pour une nouvelle approche du business model de l’Industrie et plus de transparence, ces pratiques semblent en décalage avec les discours. Gestion des avoirs, facturation des surcharges GDS, frais ancillaires nouveaux, augmentations tarifaires… Pas mal de surcharges vont venir se glisser dans le prix de vos billets contrat ou pas. Des TMC ont anticipé le mouvement et agissent pour contrer au mieux ces évolutions. Et la vôtre, que fait-elle ? Votre canal de réservation vous permet-il d’exploiter les meilleures offres (rapport qualité/prix/service) ?

Dans cette affaire, Air France fait du commerce et joue sur les curseurs qui lui permettent de survivre sur ce marché hyper concurrentiel. Cela fait déjà plus de deux ans que la compagnie a accordé des « private channels » aux GDS afin que celles-ci mettent en place des passerelles NDC. On ne peut donc pas en vouloir à la compagnie, mais en revanche, on peut pointer du doigt la crédulité de certains acteurs qui ont cru au miracle promis par des acteurs qui voulaient tout sauf tuer la poule aux œufs d’or.

Pour rappel, Air France et ses homologues ont accordé des « private channels » aux GDS en attendant que ces dernières soient prêtes à assurer une passerelle utilisant le protocole NDC. Et c’est là que ça devient intéressant, car toutes disent haut et fort être capables de proposer une solution de distribution basée sur le protocole NDC. Alors, pourquoi renégocier des « private channels », véritables rustines si elles ont effectivement prêtes ?

On ne peut donc que regretter ces négociations de back-office qui finalement risquent de mettre pas mal de consommateurs devant un nouveau fait accompli. Affaire à suivre (en bon professionnel) ce que nous ne manquerons pas de faire.