Eurostar entend relever de nouveaux défis, notamment dans les gares, et travaille dès à présent à sa fusion avec Thalys prévue pour début 2021.
Eurostar avait de bonnes raisons de célébrer, jeudi dernier, le 25ème anniversaire du lancement de sa toute première desserte, entre Paris et Londres. Au cours du dernier quart de siècle, la compagnie ferroviaire a transporté plus de 200 millions de passagers. Son trafic passagers va encore progresser cette année, malgré les incertitudes du Brexit et la grève du zèle des douaniers de la gare du Nord pendant deux mois et demi.
La filiale de la SNCF (1) n’entend pourtant nullement s’asseoir sur ses lauriers. «L’industrie du train à grande vitesse européen va changer très rapidement dans les prochaines années. Et la fusion avec Thalys (2) va nous donner un coup d’accélération, notamment en nous donnant l’accès à l’Allemagne», souligne Mike Cooper, directeur général d’Eurostar. «Nous comptons tripler notre part de marché sur Londres-Amsterdam, aujourd’hui encore faible, de l’ordre de 8 à 9%», poursuit-il.
Eurostar peut se montrer d’autant plus offensive que la concurrence tarde à pointer son nez, et notamment celle de l’ICE de la DB (Deutsche Bahn) annoncée depuis quelques années entre l’Allemagne et Londres, pas davantage d’ailleurs qu’une low-cost type Ouigo. Il est vrai qu’un tel marché n’est pas simple à appréhender, qu’il faut investir une partie des gares et s’adapter aux contraintes des passages en douane, ce qui n’est pas toujours simple, comme on peut le constater avec l’Eurostar à Amsterdam (le contrôle se fait aujourd’hui à Bruxelles dans le sens Amsterdam-Londres).
Les gares sont l’un de nos grands défis pour l’avenir, note Marc Noaro, directeur de l’expérience client d’Eurostar. Saint-Pancras et la Gare du Nord sont en effet deux gares classées. Nous souhaitons vivement voir aboutir les projets qui concernent la gare parisienne, et pouvoir disposer d’un espace plus grand, de davantage de contrôles automatiques des passeports, de rendre globalement le parcours plus fluide et sans stress».
La fusion entre Eurostar et Thalys est désormais sur les rails. Les Comex des deux compagnies se connaissent, se sont déjà réunis et se fixent une ambition commune, celle de faire passer le trafic cumulé de 18 millions de passagers (11 pour Eurostar et 7,5 pour Thalys) à 30 millions «à terme». «Nous avons déjà engagé des réflexions sur la marque, les programmes de fidélité, la flotte, les sites internet» précise Marc Noaro.
Mike Cooper table sur une fusion effective début 2021, en fonction du feu vert de la Commission européenne.
(1) La SNCF détient 55 % d’Eurostar, le reste étant réparti entre la Caisse de dépôt et placement du Québec (30 %), la société néerlandaise de transports publics Hermes Infrastructure (10 %) et la compagnie ferroviaire belge SNCB (5 %).
(2) La SNCF détient 60 % de Thalys et la SNCB 40 %.