Kevin Speed ou vivre à Amiens et travailler à Paris avec un train à 5€

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Kevin Speed ou vivre à Amiens et travailler à Paris avec un train à 5€
Signature de l’accord-cadre en présence de Laurent Fourtune, président de Kevin Speed (à gauche), Patrice Vergriete, ministre des Transports (au centre), et Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau (à droite).

La startup française compte sur les "navetteurs" et leurs trajets domicile-travail longue distance pour imposer son modèle "hard discount".

Étape cruciale pour la startup ferroviaire Kevin Speed : un un accord-cadre d’une durée de 10 ans renouvelables vient d’être signé avec SNCF Réseau (en attente de validation par l’Autorité de régulation des transports (ART)).  Concrètement : l’attribution à Kevin Speed des sillons permettant le lancement de son offre phare, ilisto, sur ses trois premières lignes Lille-Paris, Strasbourg-Paris et Lyon-Paris, en desservant toutes les gares TGV intermédiaires. Objectif : phase test en 2026 et commercialisation fin 2028.

Si l’ART entérine l’accord, les trains ilisto circuleront jusqu’à 16 fois par jour sur les lignes représentées ci-dessous, à grande vitesse, tout en desservant “toutes les gares le long des lignes à grande vitesse dans la Somme, la Marne, la Moselle et la Saône-et-Loire”, promet Laurent Fourtune, président de Kevin Speed.

 

Air du temps et disruption

Pour remplir ses trains, Laurent Fourtune compte sur les tendances de fonds (coûts prohibitifs des grandes villes et extension du télétravail, notamment) qui poussent de plus en plus de salariés de métropoles à éloigner leur résidence de leur lieu de travail. Ces salariés au commuting longue distance utilisent généralement leur véhicule personnel. Sur les trajets concernés, le service ilisto leur permettrait la bascule modale vertueuse (en termes écologiques) voulue par le gouvernement (la présence de Patrice Vergriete, ministre des Transports, à la signature de l'accord-cadre, n'est pas anodine) comme par les entreprises. 

Le produit coche donc toutes les cases “air du temps”. Et, paradoxalement, comporte une bonne dose de disruption : avec Kevin Speed, on n’est plus dans le low cost en mode Ouigo, mais dans le hard-discount : les tarifs débuteront, selon les lignes, à 3€ (sur les lignes lilloise et strasbourgeoise) ou 5€ (sur la ligne lyonnaise) les 100 km. Un Paris-Amiens s’élèverait à moins de 5 €, un Mâcon-Lyon à moins de 4€.  Il s’agit de prix planchers, et d’appels… Le montant effectivement payé dépendra de deux facteurs : la tranche horaire, bien sûr, et… la fidélité au produit : “plus on achète, moins au paye” est le concept simple mais novateur du système. 

Pour atteindre la rentabilité, Kevin Speed compte sur le volume : des trains à haute densité en voyageurs et des taux de remplissage maximums. Pour le taux de remplissage, il y a le prix, c’est entendu. Pour la densité, les 20 trains que Kevin Speed prévoit de commander à Alsthom proposeront un confort plus proche d’un Intercité que d’un TGV. Pourra-ton le vérifier en 2028 ? Oui, à condition que l’ART donne son feu vert… Et que la startup trouve le 1,2 milliard d’euros nécessaire à son développement.