Pierre Queinnec (Jenji) : « Nous sommes passés du T&E à du T+E »

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Créée en 2014, la jeune pousse Jenji propose une solution de gestion de notes de frais basée sur l’intelligence artificielle. Gratuite pour les salariés et regroupant aujourd’hui plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs, son CEO et co-fondateur, Pierre Queinnec souhaite disrupter le marché des solutions Expense. 

Se définissant comme une société de data science, Jenji fait avant tout de l’Expense management : « Mais attention, nous faisons de la vraie intelligence artificielle, pas celle des startups qui surfent sur la vague et qui n’utilisent pas du tout les maths. Le secteur de l’expense est assez ancien et pourtant il n’est pas très innovant. Les acteurs du secteur n’ont réagi ni à l’arrivée du mobile, ni à l’arrivée de l’IA », déclare Pierre Queinnec à nos confrères de TOM.travel. Jenji se donne ainsi pour mission d’arriver à automatiser toutes les choses qui se font habituellement à la main : « Pour nous, c’est ça l’intérêt d’une solution moderne : alléger la charge mentale de toute la partie compliance et contrôle de gestion. 10 à 15% du process seulement doit être effectué par l’humain lorsqu’il faut prendre des décisions. Le reste doit être automatisé de façon transparente »

Proposée gratuitement pour les utilisateurs individuels, elle sera en revanche payante pour une entreprise souhaitant accéder à un mode collaboratif et ouvrir un compte avec tous ses employés. 

DeplacementsPros : Dans cette période de crise, prendre le virage du digital pour les entreprises du Business Travel est-il devenu une question de survie ? 

Pierre Queinnec, fondateur et CEO de Jenji

Pierre Queinnec : Je pense que cette crise a tout de même eu une vertu : l’accélération brutale de certaines pratiques due à cette situation où de nombreux acteurs se sont retrouvés le « dos au mur ». On l’observe notamment dans le secteur du paiement, où cette crise a littéralement fait exploser les paiements sans contact. Au final, la pure dématérialisation dans l’Expense management est aujourd’hui obligatoire. Ce n’est plus une option et il faut arrêter de se dire ‘on le fera à la prochaine année fiscale’. On arrive à une dématérialisation forcée mais cette crise aura eu pour mérite d’accélérer les choses et, au final, ce sera gagnant-gagnant, du côté de l’entreprise, du salarié ou de l’administration fiscale. La dématérialisation est devenue aujourd’hui une brique de base de l’Expense management.

Peut-on parler de la fin du ‘Travel & Expense’ ?

Nous nous sommes effectivement aujourd’hui passés du T&E à du T+E. Ce n’est pas du tout un jugement de valeur et j’espère bien évidemment que le marché du Business Travel va pouvoir reprendre rapidement mais pour autant les métiers de l’Expense et du Travel sont des métiers spécifiques qui ont au final peu en commun, tant sur la construction des logiciels que sur les flux des données. Pour les entreprises du CAC 40 on observe qu’elles utilisent de plus en plus de logiciels séparés, bien distincts et cela a du sens. Pour moi, il est logique désormais de dissocier les 2 et de prendre le meilleur outil Travel possible pour la société ET le meilleur outil Expense.

Quelles sont vos ambitions sur le marché du Business Travel ?

Aujourd’hui nous voyons les entreprises du Business Travel comme des partenaires. Nous avons toujours tendance à mettre des étiquettes assez larges sur les dépenses en entreprise mais, qu’elles soient faites lors d’un déplacement professionnel ou pour un déjeuner client en face de son bureau, cela revient au même. Nous nous définissons comme un pure-player de la dépense professionnelle. Notre ambition sur le marché n’est pas de venir concurrencer un SBT ou d’en devenir un, chacun son métier, ce qui nous intéresse est justement de créer des partenariats avec ces entreprises. Sur court et moyen terme, notre ambition est de continuer de croître et de s’étendre dans les pays dans lesquels nous sommes déjà présents.

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