SNCF, pourquoi la CFDT veut une grève illimitée à partir du 14 mars

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Surenchère syndicale ou volonté d’en découdre avec le gouvernement, la CFDT veut être à la pointe du combat contre la réforme de la SNCF. Pour marquer son mécontentement, la centrale syndicale souhaite engager une grève illimitée. Une première date était annoncée au 12 mars prochain, ce sera finalement le mercredi 14 mars. Les voyageurs d'affaires ont tout intérêt à se méfier pour leurs déplacements professionnels de mars.

Mais cette volonté d’aller vite ne cache-t-elle pas d’autres visées ? A la SNCF, c’est la CGT qui mène le bal laissant derrière des concurrents syndicaux qui ne veulent pas apparaître comme de simples suiveurs. La CGT a d'ailleurs fait savoir qu'elle était prête à "faire grève un mois". Mais la CFDT sait que, cette fois ci, l’opinion publique n’est pas derrière les cheminots. C’est sans doute le point vital du conflit qui s’annonce.

Coûts élevés du train, dysfonctionnements, retards et pannes sont venus ternir l’image de l’entreprise ferroviaire et de son personnel. La longue liste des avantages évoqués dans la presse agace des Français appelés, eux aussi, à des réformes qui pénalisent leurs revenus et engagent de profondes mutations sociales. Ce mardi 27 février, un sondage Harris interactive pour RMC et Atlantico révèle que près de sept Français sur dix (69%) sont pour la fin du statut de cheminot. Le connaissent-ils vraiment ? C'est une vraie question. Mais d'après cette enquête d'opinion, 54% des Français se montrent favorables au recours aux ordonnances pour faire adopter cette réforme, comme le veut le gouvernement, alors que 46% y sont opposés. Preuve que le gouvernement a compris la situation, Edouard Philippe a clairement dit qu’il ne toucherait pas aux lignes régionales. Une approche futée qui caresse dans le sens du poil les élus locaux et les populations rurales et détruit l’argument syndical de la fin du service public.

La CFDT a bien compris le piège tendu par le gouvernement. Sans doute mieux et plus vite que la CGT, et plusieurs études d’opinion confidentielles menées par Matignon plaident en faveur des choix du gouvernement et non pas le soutien aux Cheminots. Si l’opinion public tient et accepte les désagréments promis par les syndicats… Les salariés de la SNCF sont d’emblée perdants car ils creuseront le fossé avec les utilisateurs du train.

Dans le cas contraire, le Président Macron aura perdu son pari de réformer nos institutions quotidiennes. Difficile après d’engager de nouvelles réformes sociétales.

Les fédérations CGT, Unsa, Sud et CFDT se réunissent ce mardi après-midi pour discuter de la réponse à apporter aux annonces du gouvernement.