Travel Manager, la fin discrète d’un métier

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Les chiffres sont sans appel : en 2017, moins de 21 postes de Travel Manager ont été proposés par les entreprises. Sur DéplacementsPros, avec plus de 250 offres d'emploi publiées cette année, moins de 6 postes de TM ont été proposés. Principale raison de cette désaffection, la montée en puissance des achats et l'ouverture de la fonction aux spécialistes du hors production voire aux services généraux.

"Nous n'avons pas de vision à court et moyen terme sur la fonction de travel manager", reconnait un cadre de l'APEC qui estime que les évolutions du monde du voyage au sein des services achats et inéluctable. Comme le précisait il y a peu Régis Chambert : "Les évolutions professionnelles passent souvent par une approche plus resserrée des fonctions pour plus d'efficacité et une meilleure prise en compte du besoin de l'entreprise".

Ce n'est pas la première fois que l'on annonce la fin du TM… Un peu comme on le faisait des agences de voyage dans les années 2000. Mais force est de constater que la demande est faible et que le BTO (Business Travel Outsourcing) se renforce via des cabinets puissants, souvent très spécialisés dans l'univers des achats. "Il faut repenser la fonction", expliquait Christophe Drezet d'Espa lors du dernier IFTM Top Resa, qui insistait "sur les évolutions du périmètre d'intervention qui restait souvent flou dans l'esprit des entreprises". En clair, TM est une fonction évolutive qui ne saurait se contenter d'une seule mission. Ce que confirmait Christophe Luard, Directeur des Achats Indirects pour Louis Vuitton : "Nous nous devons d'avoir un regard panoramique sur la fonction et le voyage n'est qu'une facette du spectre que l'on doit aujourd'hui aborder".

Cette pluralité du savoir des Travel Managers a conduit l'AFTM à modifier son intitulé en devenant l'Association Française du Travel management, un nom qui prend en compte les innombrables facettes du métier et qui pourrait conduire des acheteurs globaux à devenir membres de la structure. Autre constat, côté fournisseur où le centre de décision est désormais chez l'acheteur, le TM n'ayant qu'un avis consultatif. "Nous avons aujourd'hui des temps de décision qui restent importants", remarque un fournisseur technologique, "Mais les discussions finales se font avec les directions des achats et non plus avec le TM ce qui nous oblige à repenser notre approche et surtout nos contrats".

2018 verra-t-elle une reprise de la fonction ? Qui sait. Le retour à une économie plus performante, construite sur un développement à l'export, peut permettre d'envisager des recrutements plus ciblés et surtout plus pointus. Mais les cabinets spécialisés dans les profils achats y croient peu et tablent sur une évolution encore plus rapide des achats indirects. Preuve, sans doute, que l'évolution du travel management est bien engagée.