Sûreté et Sécurité 2020 (2/4) – Travel Stress

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la sante mentale des voyageurs d’affaires est desormais au cœur des dispositifs de securite du business travel

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé vient de reconnaître la notion de burnout, la santé mentale des voyageurs d’affaires est désormais au cœur des dispositifs de sécurité du business travel.

Les discours lénifiants sur le bien-être au travail, cette « happiness » (le bonheur !) qui devrait entrer au bureau et pour laquelle on a même créé un « Chief Officer » ne doivent pas faire oublier une réalité incontestable, corroborée enquêtes après enquêtes : la vie professionnelle est source d’un stress aux conséquences potentiellement dramatiques.

En France, c’est notamment dans les années 2000, lors de la privatisation de France Telecom, futur Orange, et des bouleversement structurels induits, que le terme de burnout se fait connaître du grand public : plusieurs dizaines de salariés se suicident ou tentent de le faire, parfois sur leur lieu de travail. Dans ce cas particulier, six dirigeants se sont peut-être rendus coupables de harcèlement moral (l’affaire est en jugement)… Mais même en l’absence de malveillance ou, à tout le moins, d’actes légalement condamnables, la pression professionnelle peut engendrer des effets que l’on sait désormais délétères.

De fait, la démocratisation de la notion de burnout ne s’est pas démentie depuis. Et, hasard du calendrier, au moment même où s’ouvrait en France le procès des anciens dirigeants de France Télécom, en mai 2019, l’Organisation mondiale de la Santé reconnaissait officiellement ce concept et les pathologies qui lui sont liées.

Le travel, facteur de stress

Dans ce contexte particulièrement favorable à la visibilité de cette problématique et à son inscription à l’agenda des départements Ressources humaines, la prise en compte de la santé mentale du voyageur d’affaires fait l’objet d’une attention particulière. En effet, pour les voyageurs fréquents, les facteurs de stress au travail sont multipliés… par trois par rapport à leurs collègues sédentaires, d’après une étude menée par International SOS.

Directeur médical régional dans cette entreprise, le Dr Philippe Guibert précise : « L’état de santé émotionnelle du voyageur d’affaires est impacté par un certain nombre de perturbations liées au voyage même. Notamment : la perte de repaires spatiaux et temporels, le manque de sommeil, une alimentation déséquilibrée, le manque d’activité physique, des tâches ou des problèmes personnels à gérer à distance ».

Mise en chiffres (selon l’étude déjà citée), cette réalité devient plus concrète : 78 % des collaborateurs travaillent davantage quand ils se déplacent, 45 % d’entre eux ont éprouvé une élévation de leur niveau de stress en voyage d’affaires, 76 % sont alors moins susceptibles d’avoir un régime alimentaire équilibré, 73 % d’avoir une bonne qualité de sommeil, 76 % de faire de l’exercice physique. Et 15 % d’entre eux s’inquiètent de la sécurité des leurs durant leur absence.

On voit que dans ces statistiques, sont mélangés des risques de natures physiques et mentales. Cette confusion est volontaire : les unes nourrissent les autres. Mécanique identique de « cause à effet », les comportements à risque : 46 % des collaborateurs consomment davantage d’alcool en voyage, 33 % sont davantage susceptibles de fréquenter des bars et des night-clubs, ou encore 33 % d’entre eux vont fréquenter des endroits sans savoir s’ils sont sûrs.

L’entreprise peut agir

Bien sûr, les risques et les pathologies qui sont liées au voyage d’affaires diffèrent selon la destination mais aussi le profil du voyageur. Être une femme, notamment, peut constituer un facteur de stress supplémentaire dans certaines destinations.

D’après le Dr Guibert, « l’entreprise peut agir sur ces sujets : préparer les voyageurs en qualifiant leur destination, en étant consciente des risques encourus pour que le collaborateur se sente en confiance. L’information qui lui est délivrée doit l’être avec finesse pour ne pas être anxiogène et, au final, contre-productive. Puis il y a bien sûr l’organisation du voyage lui-même : ne pas surcharger l’emploi du temps, ne pas organiser un rendez-vous à la sortie de l’avion, aménager des plages de détente et de récupération, soigner la logistique, la qualité des hébergements, faire voyager en classe affaires pour les longs trajets… »

Tous ces dispositifs ont évidemment un coût. Qu’il faut estimer au regard des bénéfices. Quelques statistiques peuvent y aider : le stress des collaborateurs (globalement, au-delà du cas particulier du voyage d’affaires) coûterait 617 milliards d’euros aux entreprise européennes ; 50 à 60 % de l’absentéisme serait dû au stress ; 1 € investi dans un programme de santé mentale rapporterait en conséquence 4,20 € à l’entreprise…

Tout au long de la semaine, nous poursuivons notre éclairage sur les tendances 2020 de la sûreté et la sécurité des voyages d’affaires. A venir :