L’Europe pourrait imposer une part de carburant propre aux compagnies aériennes

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Les transporteurs aériens n’ont pas attendu Bruxelles pour multiplier les initiatives, à l’instar des toutes récentes prises par British Airways (carburant à base d’éthanol) et KLM (kérosène synthétique à base de CO2, d’eau et d’énergies renouvelables).

Le transport aérien, dans le contexte de réchauffement climatique, reste régulièrement dénoncé pour ses émissions de gaz à effet de serre. Entre les bio-carburants, les carburéacteurs capturant le CO2 de l’air, la compensation carbone, les modes de propulsion par électricité et hydrogène, les initiatives visant à verdir son activité se multiplient. Cette semaine encore, Topi Manner, le patron de Finnair, a indiqué que la compagnie finlandaise participait actuellement à une première phase de tests en vue de concevoir des appareils propulsés par l’énergie électrique et solaire, avec le souhait de pouvoir assurer des vols d’une durée d’une heure à une heure et demie d’ici vingt ans.

En attendant les ruptures technologiques dans la conception des appareils, l’urgence est au développement des filières dédiées à la production de carburants durables. Les ministres des Transports de huit pays européens – Danemark, Finlande, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suède – ont ainsi demandé à la Commission européenne d’encourager l’utilisation des « sustainable aviation fuel » (SAF). Un pourcentage de mélange obligatoire avec du kérosène traditionnel stimulerait l’investissement dans les carburants verts, augmenterait l’offre et ferait baisser les prix, selon les ministres. Cette déclaration précède la publication de l’initiative ReFuelEU – soit un cadre pour la décarbonisation de l’industrie aéronautique – prévue par la Commission européenne d’ici la fin du premier trimestre.

Ces SAF se doivent désormais d’être conçus à partir de matières premières d’origine biologique (déchets domestiques, agricoles et forestiers, composts, graisses animales…), plutôt que des biocarburants dits de première génération, issus de produits alimentaires (soja, huile de palme, colza, betterave…), ayant pour certains d’entre eux un fort impact écologique. Le secrétaire d’État français aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, a d’ailleurs réitété sa mise en garde contre le recours à des matières premières provenant de pays extra-européens, lesquelles pourraient en outre nuire aux efforts d’indépendance énergétique de l’UE.

La plupart des compagnies aériennes sont déjà engagés dans le soutien de la filière, conscients que ces SAF fonctionnent très bien avec les moteurs actuels mais coûtent encore beaucoup plus cher que les carburants traditionnels. Air France est ainsi à la manœuvre pour inciter les entreprises à faire émerger une filiale biocarburants en France. Sa compagnie sœur, la néerlandaise KLM, a pour sa part opéré il y a quelques jours, entre Amsterdam et Madrid, le premier vol passager au monde alimenté en partie par du kérosène synthétique, produit par Shell dans son centre de recherche d’Amsterdam. Marjan van Loon, le PDG de Shell Pays-Bas, s’est ainsi déclaré très fier d’avoir réussi à produire pour la première fois 500 litres de carburéacteur « à base de CO2, d’eau et d’énergies renouvelables. Il s’agit d’une première étape importante et, avec nos partenaires, nous devons maintenant le développer, l’accélérer et le rendre commercialement viable ».

British Airways vient pour sa part, ce mardi, d’annoncer un partenariat avec la start-up américaine LanzaJet afin de faire voler dès 2022 certains des appareils avec du carburant produit à partir d’éthanol (déchets agricoles). La compagnie britannique est déjà partenaire de l’entreprise Velocys pour produire dès 2025 des carburants à partir des déchets des particuliers et des entreprises.

Rappelons que les constructeurs sont également engagés dans le soutien de la filière, Boeing ayant ainsi annoncé récemment qu’il livrerait des avions pouvant voler avec uniquement du carburant sans pétrole d’ici 2030.