Welcome back, Air Inter !

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Le projet initié par Lionel Guérin a toutes les chances de voir le jour et ce pas plus tard qu’au printemps prochain. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de regrouper à Orly sous une même marque Hop-Air France, l’ensemble des activités point à point du groupe Air France. Ce ne sera certainement pas facile car le plan consiste à fusionner l’activité de plusieurs sociétés qui, certes, appartiennent toutes à Air France, mais qui ont encore des cultures très différentes.

Par exemple les pilotes de Hop! n’ont pas suivi le mouvement de grève que leurs homologues d’Air France ont déclenché en septembre dernier. Mais les différences ne s’arrêtent pas là. Les conditions d’emploi sont différentes d’une compagnie à l’autre, les appareils ne proviennent pas du même constructeur, le réseau lui-même est encore composé de l’addition des compagnies originelles et sa cohérence reste encore à démontrer.

Voilà des handicaps certains. Mais alors pourquoi Frédéric Gagey et Alexander de Juniac ont-ils approuvé et soutenu le projet ? Parce que finalement, c’est le moindre mal. C’est le seul qui puisse permettre d’envisager un retour à l’équilibre, à un horizon en peu lointain, on parle de 2017, mais c’est mieux que de trainer des pertes récurrentes de l’ordre de 200 millions d’euros par an.

Car le pari de Hop! est en passe d’être gagné, même si les résultats financiers restent encore à améliorer. La marque s’est imposée, la clientèle a suivi et s’est même développée, et la société s’affranchit peu à peu des pesanteurs du Groupe Air France, même si elle en fait intégralement partie. Oh certes, tout n’est pas parfait. La régularité de l’exploitation et la « on time performance » ont encore de grands progrès à faire. Mais c’était tout de même une gageure de faire fonctionner sous un même toit et une même marque des personnels éduqués dans des compagnies en concurrence les unes avec les autres. Les dirigeants d’Air France en tirent donc la conclusion que ce qui a pu marcher en réunissant, je n’ai pas parlé de fusionner, les compagnies régionales du pôle : Britair, Régional, et Airlinair, pourrait fonctionner en y rajoutant une part très importante du réseau de la maison-mère.

Les réticences seront certainement considérables de la part du personnel pur Air France, qui devra migrer dans une « sous-marque ». Mais cette dernière, je veux parler de Hop! a une image sympathique et moderne à l’inverse de celle vieillissante et entachée de la grande compagnie. On ne dira jamais assez le mal que peuvent faire les conflits sociaux à répétition sur l’image d’une société de service qui ne peut vivre qu’en fournissant une prestation sans faille à la clientèle, en sachant que cette dernière peut maintenant se reporter sur des concurrents puissants. Et ceux-ci existent, particulièrement sur le réseau envisagé : ils ont nom Ryanair, EasyJet, Flybe, Vueling, Volotea et bien entendu, la SNCF.

Finalement, on revient aux fondamentaux : la création d’une compagnie à vocation court-courrier de point à point dont la base est Orly. Dans les temps anciens, elle s’appelait Air Inter. Mais à l’inverse des grosses compagnies qui absorbent les petites, c’est la petite compagne Hop! qui va absorber la grande. Voilà qui va être intéressant à suivre.

On peut se demander alors pourquoi il a fallu tant de temps pour retrouver des fondamentaux. Le transport aérien de point à point n’obéit pas aux mêmes règles d’exploitation, d’emploi du personnel, de distribution et de communication que celui opéré sur les grands « hubs ». L’idée de compagnie globale si longtemps soutenue par les dirigeants d’Air France n’a pas résisté aux coups de butoirs de concurrents mieux adaptés, que ce soit sur le long courrier avec un produit de bien meilleure qualité ou sur le court-courrier avec une exploitation beaucoup plus économique. La séparation des deux types d’activité est un premier pas vers une nécessaire rationalisation et même une vraie spécialisation. Et alors on verra les capacités d’adaptation des nouvelles entités. Est-ce que Hop!-AirFrance pourra faire baisser ses coûts d’exploitation pour atteindre ceux de ses concurrents « low costs », et est-ce que le réseau « hub » international pourra rivaliser dans le niveau du produit proposé aux clients ?

Encore faudra-t-il que Hop!-Air France puisse s’affranchir totalement de la tutelle de la grande maison en ayant par exemple un accès direct au BSP dans tous les pays où la nouvelle marque va opérer, d’ailleurs sous quel code : A5, comme c’est le cas pour Hop! actuellement ou AF ?

Saluons cette tentative en lui souhaitant beaucoup de réussite pour vaincre les formidables obstacles qu’elle trouvera sur sa route.

Jean-Louis BAROUX

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