Philippe Capron, un ex futur PDG contrarié

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PDG présumé d'Air France pendants quelques heures, Philippe Capron a du mal à digérer sa mise à l'écart en même temps que son limogeage en place publique. Il écrit un courrier à la Présidente par intérim pour dénoncer une "coalition d'intérêts hétéroclites" manifestement hostile au Comité des nominations.

La lettre adressée à Anne-Marie Couderc, PDG du groupe AF KLM par intérim, a été révélée par le Financial Times et suggère que "Philippe Capron se retire de la course à la tête d'Air France-KLM" mais ne le fait pas de bonne grâce. L'ex futur PDG considère que sa candidature a été torpillée. Alors que "Jusqu'au mercredi 20 juin, ce recrutement s'était conformé au processus classique des sociétés privées dotées d'une bonne gouvernance", explique Philippe Capron "Une intervention extérieure a bloqué ce processus" qui apprécie peu d'avoir été jeté en pâture et suggère que Bercy est responsable de cette opération de condamnation anticipée, "marquant un curieux dévoiement de la gouvernance de cette entreprise privée dont l'État ne détient que 14%".

Sans reprocher vraiment à la PDG d'avoir laissé se créer les fuites, il souligne que la mauvaise publicité faite par Bercy "a ouvert la boîte de Pandore, donnant l'occasion à tous ceux qui estiment avoir le droit de cogérer l'entreprise d'avancer leurs agendas particuliers". Philippe Capron, dont la candidature souffre d'un manuqe d'expérience dans l'aérien", s'estime victime d'une "coalition d'intérêts hétéroclites".

Philippe Capron va plus loin, dénonçant de fait le rôle d'AccorHotels, que Bercy soutient pour reprendre les participations de l'Etat dans la compagnie aérienne. Selon lui, "On peut sérieusement se demander si l'acheteur évoqué par la presse ne vise pas surtout à piller les données commerciales d'Air France-KLM" et s'il ne compte finalement pas prendre les rênes du groupe aérien, il met en garde la Présidente par intérim : pour lui, "i[la sortie de l'État du capital […] ne doit pas se faire au profit d'intérêts privés, déterminés à prendre le contrôle rampant de l'entreprise]i".