Si peu de responsables en charge de la mobilité de l’entreprise se fixent encore pour objectif d’acheter Français, le récent plaidoyer du président d’Air France auprès du gouvernement pour éviter la privatisation d’Aéroport de Paris m’a incité à revenir sur ce leitmotiv. J’ai trouvé le sujet intéressant pour une chronique.
"Acheter Français", l’objectif nécessite d’être précisé ! S’agit-il d’afficher cette règle comme un engagement moral, une valeur de l’entreprise ?
Les administrations et ministères français ont privilégié le pavillon national pour leurs achats aériens pendant des années. Il faut dire qu’il était plus normal pour un diplomate Français de voler sur Air France que sur une compagnie étrangère.
Dans les industries du luxe, cet objectif a été longtemps privilégié pour des raisons que l’on peut facilement comprendre. La marque « France » a été et reste encore emprunte d’une forte connotation « luxe ».
S’agit-il de respecter un accord de réciprocité avec un client Français qui exigerait en retour de ses fournisseurs l’utilisation de ses services ? J’ai le souvenir d’un constructeur automobile français qui n’autorisait pas l’accès de ses parkings visiteurs à des véhicules d’une marque concurrente !
S’agit-il de privilégier une démarche « entreprise citoyenne » et de donner priorité aux entreprises qui portent des emplois en France, ou encore participent à l’effort national en payant l’impôt en France plutôt que dans des paradis fiscaux ?
Les rationnels d’une telle stratégie sont nombreux et sa mise en œuvre est loin d’être évidente.
S’agit-il encore du bien-être de ses voyageurs qui, comme moi, aspirent à se retrouver très vite en territoire Français dès le pied posé à bord de l’avion qui les ramènera au pays !
Ce choix est encore fréquent dans de petites ou moyennes entreprises dans lesquels les dirigeants affichent volontairement l’achat « Français » comme une valeur. Les plus grandes agissent dans un monde global et sont moins sensibles à ce critère.
Le sujet est d’autant plus complexe à traiter que les acteurs du voyage d’affaires sont quasiment tous globaux. TMC (« travel management companies »), compagnies aériennes, loueurs de voitures, hôteliers, moyens de transports ou de paiements sont presque tous détenus, tout ou en partie, par des actionnaires étrangers, Qataris, Chinois, Américains ou Européens… Ces acteurs ne sont plus Français au sens actionnarial du terme.
Certes, certaines agences, hôteliers ou loueurs locaux peuvent se targuer d’être restés Français et en font quelquefois un argument commercial.
Mise à part la SNCF qui reste détenue par l’Etat - et jusqu’à quand ?... - il n’est aujourd’hui plus possible d’acheter Français dans le voyage d’affaires. Le voudrait-on que les surprises seraient fréquentes ! J’ai récemment choisi Air Caraïbes pour revenir de Pointe à Pitre. Vendéen de cœur, j’ai volontairement choisi cette compagnie détenue par un groupe Français basé en Vendée ! Je suis malheureusement rentré à bord d’un Boing 747 hors d’âge affrété à une compagnie espagnole !
Le « made in France » n’est plus évident à garantir.
Ma conclusion ne surprendra personne. Dans ce monde global, l’entreprise doit se fixer des objectifs réalistes et quantifiables :
Le respect de ses budgets, le confort de ses voyageurs, la sécurité des personnes et des informations, la qualité de service et la réactivité…
Elle peut vouloir privilégier des partenaires « good citizens » qui emploient en France et acquittent leurs charges et taxes en France. Mais elle ne doit pas rêver : ces acteurs français du voyage d’affaires sont dans le meilleur des cas des entreprises Européennes.
Acheter Européen pourrait alors être un objectif plus réaliste, mais il me semble important de s’assurer qu’il est en phase avec les propres intérêts et axes stratégiques de l’entreprise.
Au delà, je recommande aux dirigeants d’adopter des stratégies d’achat porteuses d’élans tant à l’interne qu’en terme d’image à l’externe.
Sélectionner des partenaires en fonction de leur propre stratégie dans une démarche « good citizen partners », en fonction d’un programme RSE au sein de l’entreprise ou encore simplement parce qu’ils sont respectueux du bien-être des équipes constituent aujourd’hui des pistes porteuses de succès. Des clients désireux de doper leur stratégie d’achat m’ont déjà missionné sur ces axes et je ne suis pas le seul cabinet à y travailler.
Régis Chambert
Les administrations et ministères français ont privilégié le pavillon national pour leurs achats aériens pendant des années. Il faut dire qu’il était plus normal pour un diplomate Français de voler sur Air France que sur une compagnie étrangère.
Dans les industries du luxe, cet objectif a été longtemps privilégié pour des raisons que l’on peut facilement comprendre. La marque « France » a été et reste encore emprunte d’une forte connotation « luxe ».
S’agit-il de respecter un accord de réciprocité avec un client Français qui exigerait en retour de ses fournisseurs l’utilisation de ses services ? J’ai le souvenir d’un constructeur automobile français qui n’autorisait pas l’accès de ses parkings visiteurs à des véhicules d’une marque concurrente !
S’agit-il de privilégier une démarche « entreprise citoyenne » et de donner priorité aux entreprises qui portent des emplois en France, ou encore participent à l’effort national en payant l’impôt en France plutôt que dans des paradis fiscaux ?
Les rationnels d’une telle stratégie sont nombreux et sa mise en œuvre est loin d’être évidente.
S’agit-il encore du bien-être de ses voyageurs qui, comme moi, aspirent à se retrouver très vite en territoire Français dès le pied posé à bord de l’avion qui les ramènera au pays !
Ce choix est encore fréquent dans de petites ou moyennes entreprises dans lesquels les dirigeants affichent volontairement l’achat « Français » comme une valeur. Les plus grandes agissent dans un monde global et sont moins sensibles à ce critère.
Le sujet est d’autant plus complexe à traiter que les acteurs du voyage d’affaires sont quasiment tous globaux. TMC (« travel management companies »), compagnies aériennes, loueurs de voitures, hôteliers, moyens de transports ou de paiements sont presque tous détenus, tout ou en partie, par des actionnaires étrangers, Qataris, Chinois, Américains ou Européens… Ces acteurs ne sont plus Français au sens actionnarial du terme.
Certes, certaines agences, hôteliers ou loueurs locaux peuvent se targuer d’être restés Français et en font quelquefois un argument commercial.
Mise à part la SNCF qui reste détenue par l’Etat - et jusqu’à quand ?... - il n’est aujourd’hui plus possible d’acheter Français dans le voyage d’affaires. Le voudrait-on que les surprises seraient fréquentes ! J’ai récemment choisi Air Caraïbes pour revenir de Pointe à Pitre. Vendéen de cœur, j’ai volontairement choisi cette compagnie détenue par un groupe Français basé en Vendée ! Je suis malheureusement rentré à bord d’un Boing 747 hors d’âge affrété à une compagnie espagnole !
Le « made in France » n’est plus évident à garantir.
Ma conclusion ne surprendra personne. Dans ce monde global, l’entreprise doit se fixer des objectifs réalistes et quantifiables :
Le respect de ses budgets, le confort de ses voyageurs, la sécurité des personnes et des informations, la qualité de service et la réactivité…
Elle peut vouloir privilégier des partenaires « good citizens » qui emploient en France et acquittent leurs charges et taxes en France. Mais elle ne doit pas rêver : ces acteurs français du voyage d’affaires sont dans le meilleur des cas des entreprises Européennes.
Acheter Européen pourrait alors être un objectif plus réaliste, mais il me semble important de s’assurer qu’il est en phase avec les propres intérêts et axes stratégiques de l’entreprise.
Au delà, je recommande aux dirigeants d’adopter des stratégies d’achat porteuses d’élans tant à l’interne qu’en terme d’image à l’externe.
Sélectionner des partenaires en fonction de leur propre stratégie dans une démarche « good citizen partners », en fonction d’un programme RSE au sein de l’entreprise ou encore simplement parce qu’ils sont respectueux du bien-être des équipes constituent aujourd’hui des pistes porteuses de succès. Des clients désireux de doper leur stratégie d’achat m’ont déjà missionné sur ces axes et je ne suis pas le seul cabinet à y travailler.
Régis Chambert
A propos de RC2
RC2, Régis Chambert Consulting, est une SARL créée en 2010 dans le but de mettre à la disposition de ses clients un savoir faire, une expérience de plus de 30 années dans le management d'entreprises Françaises, puis internationales, dotées d’organisations très diverses, traditionnelles ou matricielles et globales.
Régis Chambert a été Vice président - Directeur Général d'American Express Voyages puis présidé Avexia Voyages de 2011 à fin 2013.
La réflexion stratégique, la marque, la conduite du changement, la formation et le coaching sont les principaux domaines dans lesquels Régis Chambert intervient.
RC2
Le Cours Saint Charles
64 avenue du Général de Gaulle
92250 La Garenne-Colombes
Tél.: 06 07 52 04 41 et mail: [email protected]
RC2, Régis Chambert Consulting, est une SARL créée en 2010 dans le but de mettre à la disposition de ses clients un savoir faire, une expérience de plus de 30 années dans le management d'entreprises Françaises, puis internationales, dotées d’organisations très diverses, traditionnelles ou matricielles et globales.
Régis Chambert a été Vice président - Directeur Général d'American Express Voyages puis présidé Avexia Voyages de 2011 à fin 2013.
La réflexion stratégique, la marque, la conduite du changement, la formation et le coaching sont les principaux domaines dans lesquels Régis Chambert intervient.
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