Mice durable (3/5) : «la France fait la course en tête»

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Béatrice Eastham a fondé Green Événements il y a dix ans. Cette PME parisienne de 14 salariés est aujourd’hui une Entreprise Sociale et Solidaire (ESS), présente dans de multiples projets associant l’événementiel et le développement durable. Également directrice du Programme RSE du réseau MPI France Suisse, Béatrice Eastham revient pour nous sur les nombreuses initiatives de son cabinet de conseil, et sur les progrès de la filière événementielle en France.

DéplacementsPros : Présentez-nous Green Événements…
Béatrice Eastham : L’ambition de notre agence est d’accompagner et d’impulser la transition durable de la filière événementielle. Notre travail se concentre sur le conseil. Nous disposons aussi d’une place de marché et média dédiée à l’événementiel éco-responsable, baptisée Événements 3.0 (www.3-0.fr).

DP : Vous organisez chaque année le Ouaï…
B.E : La quatrième édition se tiendra cette année sur deux jours, les 30 et 31 mars à La Cité Fertile à Pantin. Nous organisons le Ouaï (anciennement ComInRSE) en partenariat avec MPI chapitre France et Suisse et le Global Sustainable Destination Index. De nombreux intervenants se relaieront, tout au long des deux journées, pour parler de l’étroite relation liant l’événementiel à l’éco-responsabilité. L’idée est de montrer les meilleures pratiques pour réduire les impacts négatifs sur l’environnement, les solutions à apporter pour contribuer au bien-être de son public tout en réduisant ses empreintes. Ces multiples débats, ateliers et rencontres commerciales seront sources de réflexions et de pistes d’actions. Sur cet événement, notre ambition est de réunir tous les acteurs de la filière, les fournisseurs, prestataires, acheteurs et responsables du MICE dans les entreprises… Cette année seront également présents les mondes de l’événementiel sportif et de l’événementiel entertainment.

DP : La France est-elle une bonne élève en matière d’événementiel durable ?
B.E : Nous sommes le premier pays au monde en termes de certification ISO 20121 (norme internationale de gestion responsable et durable de l’activité événementielle, ndlr). Nous sommes passés devant l’Angleterre il y a un an, et faisons désormais la course en tête. Une position que nous devrions conserver vu le nombre de projets en cours. Et Green Événements a accompagné les trois-quart des certifiés ! Nous avons jusqu’à présent beaucoup conseillé les lieux événementiels et les prestataires, les agences de décoration de stands, les traiteurs, les agences audiovisuelles… Les prestataires ont été moteurs, avant les donneurs d’ordre. Aujourd’hui, tous les maillons de la chaîne bougent.

DP : Green Événements s’est aussi rapproché des villes les plus impliquées…
B.E : Nous avons conçu le programme Destinations Internationales Responsables porté par France Congrès et Événements, avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Nous avons en effet demandé aux villes les plus avancées en la matière de s’engager à un niveau élevé en faveur du développement durable. Elles ont toutes accepté de devenir des villes pilotes, d’être certifiées ISO 20121 d’ici fin 2020, et de définir des actions communes. Ces neuf villes sont Biarritz, Metz, Nancy, Deauville, Rennes, Nantes, Bordeaux, Cannes et Marseille. Ces villes devraient en entraîner d’autres dans leur sillage, avec une nouvelle promotion prévue pour avril. Notre démarche audacieuse et novatrice est une première mondiale. Car il ne suffit pas de travailler avec les palais des congrès, il faut embarquer toute la chaîne socio-professionnelle.

DP : Vous avez été soutenu au plus haut sommet de l’État pour le dernier G7 à Biarritz…
B.E : Nous avons en effet accompagné l’été dernier le G7 de Biarritz afin d’en faire un événement exemplaire, que son impact puisse devenir pérenne, et qu’il puisse profiter à la destination aussi bien sur la partie tourisme d’affaires que loisir. Emmanuel Macron avait demandé à ce que l’événement soit certifié ISO 20121. Et je lui ai remis la certification en main propre… Grâce à l’éco-responsabilité, l’événement a été très maîtrisé en termes de coûts. Il a coûté dix fois moins cher que le précédent G7 au Canada. Le président, au cours de sa conférence de clôture de l’événement, a d’ailleurs fait un lien direct entre développement durable, sobriété et économie. Mais il faut, dans ce cas, penser l’événement dans sa globalité.

Photo copyright Steven Wassenaar

DP : Vous travaillez aussi avec LEVENEMENT et l’Unimev….
BE : Nous avons organisé en décembre dernier la première session d’une formation groupée ISO 20121, formation commune à l’Unimev et au Leads (association réunissant les principaux professionnels du stand et du design événementiel et commercial, ndlr). Cette formation est dédiée aux professionnels de l’événementiel, gestionnaires de sites, organisateurs, agences et prestataires, afin de les aider à mettre en place une stratégie de développement durable adaptée aux problématiques du secteur.

Nous contribuons par ailleurs à la formation des agences événementielles adhérentes à LEVENEMENT. L’association vient de décider que l’ensemble de ses agences allaient s’inscrire dans une démarche de certification ISO 20121. Il y a un an, on en était très loin… En termes de volume d’affaires, LEVENEMENT pèse lourd. La démarche est d’autant plus importante que la filière événementielle touche tous les métiers, et concerne tous les publics. Et nous sommes une filière profondément humaine, favorisant la rencontre et la quête de sens, intrinsèquement en phase avec des enjeux de lien social.

DP: Green Événements travaille avec d’autres partenaires ?
BE : Nous avons accompagné Traiteurs de France dans sa démarche durable. Et nous avons aidé l’Institut de l’Événement à mettre en place une formation dédiée à l’écoconception des événements. Je rappellerais enfin que nous avons lancé il y a deux ans la feuille de route du gouvernement pour l’économie circulaire, initiative que je pilote avec le député François-Michel Lambert, dans laquelle on demande aux acteurs qui le souhaitent de prendre des engagements forts. Je citerais en exemple l’arrêt de la moquette à base de plastique, que l’on peut remplacer par la moquette en dalle, réutilisable. Ave la multiplication des initiatives, la France peut devenir «le» pays de l’accueil responsable. Nous avons plein d’atouts et avons engagé de nombreuses démarches que l’on ne trouve pas ailleurs. Sur cette approche éco-responsable, nous pouvons être un exemple et un moteur.


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