Aérien : les Assises de la colère

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Il y a des initiatives, comme celle des Assises du Transport aérien, qui suscitent de grandes attentes... et d'aussi grandes déceptions. Depuis le mois de mars 2018, les débats trainent, les constats se partagent, les revendications se cumulent et le constat est unanime pour l'instant : tout ça, pour quoi ?

Lancées le 20 mars par Elisabeth Borne, ministre des transport, les Assises du transport aérien promettaient de mettre à plat tous les sujets. On allait voir ce qu'on allait voir, les performances devaient être passées au crible : la performance économique des acteurs du transport aérien; la performance au service des territoires; la performance environnementale; la performance et l’innovation au service des passagers et enfin, la performance sociale.

Dès le mois de mai, notre chroniqueur Jean-Louis Baroux s'est inquiété d'un certain retard à l'allumage. Six mois plus tard, ça râle de tous les côtés ! Du côté des compagnies, tout d'abord, et la FNAM - Fédération Nationale de l'Aviation Marchande - a largement fait part de sa grogne, mardi dernier, dans le cadre de l'IFTM. Alors que les compagnies françaises attendaient un coup de pouce pour reconquérir des parts de marché, elles estiment que les Assises sont "dans l'impasse". Et les transporteurs de souligner leurs objectifs : obtenir une baisse des taxes, toutes les taxes . Pour l'heure, rien à l'horizon, "Aujourd’hui, l’État se préoccupe davantage de la privatisation d’ADP et du maintien du versement des redevances aéroportuaires", explique le Président Alain Battisti.

Pire : non seulement il n'y a aucune décision, mais les discussions stériles trainent en longueur : "Alors qu'elles étaient prévues pour juin, ses conclusions sont désormais annoncées pour la fin de l’année voire début 2019", s'impatiente Alain Battisti.

Le SNPL, syndicat des pilotes, semble tout aussi désespéré que la Fnam : "cette formidable opportunité de débattre de sujets clefs semble vouloir déboucher sur des mesures totalement insignifiantes", écrit le syndicat dans un communiqué. Et il en veut pour preuve le refus du gouvernement "d’aborder les conséquences de la potentielle privatisation du Groupe Aéroports de Paris, alors qu’elle impactera très largement et directement les transporteurs aériens". Pour lui, "Le Gouvernement a pris ces derniers mois plusieurs décisions allant clairement à l’encontre des intérêts du secteur comme l’autorisation de la création d’une double caisse à l’aéroport de Nice ou comme l’octroi à la compagnie Emirates de nouvelles fréquences vers la France, alors que l’attribution de nouveaux droits de trafics est gelée par l’Union européenne".

C'est dans ce contexte que le cabinet Arthur D. Little, apportant du grain à moudre aux compagnies, a publié son étude soulignant qu'une réduction des coûts pesant sur les compagnies aériennes basées en France, de 400 à 500 millions d'euros par an, se traduirait par le regain de compétitivité espéré. Et vers un nouvel élan du pavillon français dont pourraient bénéficier également les voyageurs d'affaires de l'Hexagone. Mais d'évidence, ces Assises tant attendues risquent fort de se comparer très vite à un coup d'épée dans l'eau...

Annie Fave

Ci dessous, le PDF du dernier communiqué du SNPL sur ce sujet

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