Après son "Chapter 11" de l'automne 21, une nouvelle recapitalisation de la TMC américaine devrait lui donner plus de souffle.
Il y a deux ans, fin septembre 2021, un séisme secoua la planète “business travel” : CWT se plaçait sous le régime du Chapitre 11, cette forme de faillite du droit américain, qui implique une réorganisation des dettes et des actifs d'un débiteur, tout en l’autorisant à continuer son activité.
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La magnitude de la secousse fut élevée - il ne s’agissait de rien moins que d’une TMC immanquablement installée sur le podium mondial, quels que soient les critères retenus. Mais de courte durée : c’était une procédure allégée (“pre-packaged”) du “Chapter 11” qui avait été retenue, permettant à l’ex-Carlson d’en sortir quelques semaines plus tard, au mois de novembre 21.
Le juge des liquidations de la Cour du Texas avait alors entériné le fait que la TMC mastodonte s’était bien acquittée de ses obligations d’assainissement de ses comptes : le plan fournissait 350 M$ de nouveaux capitaux propres à CWT et réduisait de 900 M$ une dette qui s’élevait à 1,6 milliard de dollars.
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Aujourd’hui, c’est une deuxième recapitalisation qui baisse la dette de CWT de 60% (soit 450 M$), la ramenant à 300 M$. Dans un contexte de taux d’intérêt élevés, c’est, en termes de bilan, fort bienvenu et même, selon Stéphane Birochau, DG France, Italie Grèce et Maroc, “tout à fait supportable” au regard des données comptables de son entreprise.
Il s’agit, comme en novembre dernier, d'une conversion de la dette en participation. Mais, contrairement à l’automne 21 où les parts de la famille Carlson s’étaient vues drastiquement réduites, il y a, dans cette deuxième recapitalisation, une forme de continuité : les quatre principaux actionnaires - aux premiers rangs desquels Redwood Investments et Monarch (également membres du board) - s’en trouvent confortés, sans changement de structure capitalistique notable.
Dès lors, Stéphane Birochau se dit confiant pour l’avenir : une page se tourne, après le 11, un nouveau chapitre peut s’ouvrir avec, nous dit-il “des finances assainies, la confiance des investisseurs, et une continuité de nos investissements dans de nouveaux produits et services”.
Activisme
Ces investissements R&D devraient s’élever à une centaine de millions de dollars, comme ces deux dernières années. Car il est vrai que, durant la traversé de cette zone de turbulences, CWT n’est pas restée inerte, multipliant les nouvelles offres (un outil de création d’un site MICE, un calculateur d’empreinte carbone toujours pour le Meetings & Events, ou encore un accès à Whatsapp pour ses clients) et les partenariats (Wenrix, Booking.com ou Spotnana).
Un activisme susceptible de rassurer les clients peut-être ? Ou, du moins, à compenser l’actualité moins reluisante du groupe durant ces deux années, entre changement de PDG (évidemment présenté élégamment, d’autant qu’une des rares femmes CEO de l’industrie fut remplacée par un homme) et grèves d’agents sur fond de revendications salariales, notamment en France.
Eh bien, si telle était la stratégie, elle a plutôt bien fonctionné. Stéphane Birochau se félicitant d’une activité, en France, “qui se porte très bien avec, notamment l’acquisition d’un très gros acteur public, et qui est moteur pour l’Europe continentale”. Au niveau global, c’est plus mitigé, dit-il en substance : de l’ordre de “70% des volumes de 2019”, notamment à cause des marchés US et UK, à la traîne “même on vient de conserver deux multinationales américaines majeures”.
“Finalement, poursuit-il, la volatilité des clients durant ces deux ans n’a pas été si différente que ce que c’est habituellement avec des contrats remis en cause tous les 3 ou 5 ans : on en a perdu et gagné.”